Il se passe quelque chose chez les hommes amoureux des oiseaux : on se souvient de l'émoi ressenti au printemps à l'écoute des deux projets du grand Jonathan Meiburg, songwriter américain épris des volatiles, battant des ailes tantôt au sein de Shearwater tantôt pour Okkervil River. On pourra cet automne compter sur le béguin de Ralph Mulder, leader du groupe hollandais Alamo Race Track, pour les bêtes à plumes : à force de regarder en l'air, il s'est installé largement au-dessus des autres.
Son deuxième album, on va le dire tout de suite, est une vraie réussite (et son premier valait déjà son pesant de croquettes). On y entend douze titres qui font penser à un paquet de potes, en vrac Andrew Bird, XTC, Wilco, Franz Ferdinand, The Olivia Tremor Control, voire Interpol, mais Interpol qui aurait décidé de se détendre un peu d'arrêter de faire la gueule parce que bon. Alamo Race Track, en fait, est un vrai bon groupe de rock, qui compose de vraies bonnes chansons à l'énergie un peu sexuelle, à l'efficacité inévitable : Don't Beat This Dog vaut tous les miaulements des Yeah Yeah Yeahs, The Kiss Me Bar talonne The Bees à l'épreuve de psychédélisme, tandis que l'incroyable Stanley vs Hannah aura, vraiment, sa place sur le podium des chansons de l'année.
La mode, et avec elle le fameux retour du rock , a beau avoir remis les guitares au goût du jour, celles d'Alamo Race Track, plus futées et moins racoleuses que les autres, resteront dans l'ombre cet automne. C'est un peu triste et logique à la fois : Black Cat John Brown est dès aujourd'hui un trésor caché pour l'avenir. (Inrocks)
Tout comme l'habit ne fait pas le moine, l'air ne fait pas la chanson. Il serait de bon ton que je m'en souvienne lorsque j'écarte un peu vite l'écoute de certains albums sur la foi d'un nom de groupe peu engageant. Malheureusement, dans mon esprit étriqué, Alamo Race Track s'acoquine à Black Rebel Motorcycle Club, The Cars, 10 cc, etc. ; autant de références non déshonorantes mais peu aguichantes pour mes oreilles. Une trop grande proximité de mon lieu de vie avec le circuit Bugatti peut-elle être à l'origine de cette proscription ? Fi d'auto-analyse.Une belle chronique en ces pages de leur première production "Birds at Home" aurait pourtant dû me mettre la puce à l'oreille. Car si les bataves sucent des roues, ce sont plutôt celles de Deus, Swell, Grandaddy et consorts, soit celles d'un rock racé, imaginatif et sensible, pop donc ! Album posé mais joueur, "Black Cat John Brown" sait varier les plaisirs, proposant ainsi un panorama musical forcément non-exhaustif mais au cadrage pertinent. Malheureusement, cette sympathique démarche de touche-à-tout mène à un manque d'identité. La bande de Ralph Mulder devrait sûrement à l'avenir asseoir ses idées en imposant un son et en s'autorisant encore plus d'originalité dans ses arrangements. Elle en a très clairement les moyens. La musique d'Alamo Race Track n'est jamais aussi séduisante que dans ses chicanes, la grande ligne droite des tribunes lui réussit peu.(Popnews)
À l’image de la petite fille-chat qui orne la pochette de ce deuxième album des hollandais, on peut dire que la musique d’Alamo Race Track s’est métamorphosée. Prenant soin de garder ce qu’on avait aimé sur "Birds at Home", ils fournissent ici un travail beaucoup plus mature et réfléchi.
Ainsi, on retrouve ce sens inné de la belle mélodie, doublé de la voix de Ralph Mulder. Mais si Alamo Race Track lorgnait pas mal du côté de Radiohead et de la pop haut de gamme sur leur premier disque, ils ont élargi leurs horizons et leur palette de styles du même coup sur celui-ci. Leurs influences sont clairement plus américaines et l’ombre de Johnny Cash ou des Pixies n’est jamais bien loin. D‘ailleurs, le morceau d’ouverture montre cette tendance : rythme simple, faussement rétro, ce Black Cat John Brown qui donne son titre à l’album se retient facilement, on se surprend à taper du pied ou à claquer dans ses doigts. C’est une bonne entrée en matière qui donne encore plus envie d’aller à la rencontre de cet univers, à la fois familier et renouvelé. Chacun y trouvera son compte car le quatuor se montre tantôt sautillant comme sur Kiss me Bar, country sur Stanley vs Hannah ou rock n’roll sur la plupart des morceaux. Bien sûr, pour faire contraste avec ce rythme enlevé quasi généralisé, on a droit au ‘slow’ dont le titre My Heart laisse présager un morceau aux paroles mièvres... il n’en est rien heureusement. Juste une réminiscence de certains titres de "Birds at Home". Enfin, on sera surpris de la conclusion, la chanson Chocolate Years est des plus inhabituelles, paroles répétitives sous forme de ritournelle, trompette, on dirait du Beirut ! Là encore, un américain… Jamais un disque réellement novateur n’aura sonné aussi rétro. Vous l’attendiez? Alamo Race Track l’a fait ! (indiepoprock)