Si seulement il s'était appelé "A nightmare to remember" !

Cet album de Dream Theater est doté d'un packaging bien alléchant.
6 titres, des morceaux oscillant entre 5 et 19 minutes. Bref, ça sent le morceau épique, celui qui mêle des parties plus passionnantes les unes que les autres, qui joue du solo-qui-fait-chialer, de la ballade accoustique, de la double-pédale, du contre-temps, (...) et enfin et surtout qui joue avec tes émotions. Toute la beauté du Metal Progressif, quoi. Dream Theater aurait-il renoué avec le génie de A change of seasons (le morceau, hein) ?
Ensuite, matez-moi ce visuel. C'est quand même plutôt joli, il faut l'admettre. D'inspiration surréaliste, il suggère une orientation musicale plus sombre.

Allez, c'est parti pour A nightmare to remember. Et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'en termes de noirceur, nous sommes servis. Quelques notes de piano posent un thème inquiétant, puis arrive une sorte d'orchestre infernal sur un rythme rapide. Ca ressemble quasiment à du... Dimmu Borgir (je suis sérieux). Le morceau se poursuit ensuite dans cette veine à laquelle le groupe ne nous avait pas habitué. Bon, trêve de bla bla, pour moi ce morceau est une réussite. Outre la pertinence des compos (les parties sombres filent carrément le frisson, et l'accalmie centrale est d'une beauté à tomber par terre) je ne peux que saluer l'audace du groupe à flirter comme il le fait avec un Metal plus extrême et sombre. Et tant pis si tout n'est pas parfait (le blast final aurait pu être plus impressionnant, de même que le growl...). Je suis absolument enchanté par ce morceau. Du génie ? Pas à ce point, mais on s'en approche.

On enchaîne avec A rite of passage. Et là, la tension baisse quand même pas mal. En soi, je ne trouve pas ce titre foncièrement raté. Au contraire, il est plutôt agréable à l'oreille. Mais tout est trop gentillet et convenu, des mélodies "arabisantes" au chorus du refrain, en passant par les quelques guitares lourdes et la partie un peu plus vigoureuse en seconde moitié de morceau (assez Train of thoughtienne).

Sérieusement, je ne suis pas foncièrement contre les jolies-ballades romantiques dans le Metal. Mais Wither... comment dire... c'est juste mièvre, c'est tout. Sucré jusqu'à trop soif. Rien d'autre à dire.

Ah ! The shattered fortress vient me sortir de ma torpeur. Je n'avais jamais cru resentir une telle joie à l'écoute d'un son de double-pédale. Le rythme rapide et les riffs sombres rendent ce morceau presque "brutal". Les claviers confèrent à la chose un climat un peu inquiétant. James Labrie renoue avec un chant rauque plutôt réussi. Le tout me rappelle A fool's paradise de Symphony X. Et puis autre chose... ah ben ouais, ça rappelle plein d'autres morceaux de Dream Theater, tous ceux qui font partie de la dite "Alcoholics Anonymous Suite" (Wikipedia est ton ami). Et là, ça me refroidit un peu. Autant, conceptuellement parlant, faire se répondre les morceaux les uns avec les autres, dans le but de tenir un propos X ou Y, ça tient debout, autant, côté musique, j'avoue que cette impression d'écouter une sorte de compil du groupe en 13 minutes, une sorte de Dream Theater pour les Nuls, c'est pas ma came, désolé. Ceci, surtout parce que l'enchaînement entre les parties sonne très artificiel. Par exemple, le passage qui voit se succéder la reprise de This dying soul et celle The root of all evil tombe carrément comme un cheveu sur la soupe.

Bon, next. The best of times. Du piano, un violon moelleux, une mélodie à la guitare accoustique... tout cela me paraît éxagérément affecté. Ah, le titre a été écrit en hommage au père de Mike Portnoy, je vois. D'accord. Mais quand même, j'espère que ça va pas être un Wither Returns. Et non. En fait, passée cette introduction, le morceau se divise en deux partie. La première, au rythme plus soutenu, me rappelle pas mal Surrounded (Images and words). Même côté dynamique et entraînant, même "légerté", ai-je envie de dire. Rien d'incroyable ici, mais sympathique. La seconde partie ralentit le tempo, et reprend les thèmes esquissés dans l'introduction. Le morceau prend maintenant des aspects plus "ballade". Du point de vue de l'ambiance, je trouve que c'est en fait assez indécidable. On a toujours cette espèce de légerté, mais avec une sorte de mélancolie un peu latente. Personnellement, je suis partagé. J'y trouve tout à la fois un côté un peu gnan-gnan, mais en même temps je dois admettre que, pour peu que l'on se prête au jeu et mette ses ricanements de côté, c'est assez poignant, et que la mélodie principale, bien qu'assez convenue, reste en tête sans que ce soit vraiment désagréable.

Vient enfin le gros morceau, The count of tuscany. 19 minutes dans les oreilles. Tiens, encore une référence à Images and words avec cette introduction en arpèges clairs. Bon sinon, qu'en est-il de cette clôture d'album ? Point positif, je trouve que les différentes parties, pour le coup, s'enchaînent très bien, tout en étant suffisemment hétéroclites et inattendues. La première partie est plutôt réussie. C'est une montée progressive en puissance, et qui donne l'occasion au groupe de faire à nouveau preuve de sa virtuosité (de manière cependant bien plus sobre que sur un Image and words). Elle aboutit à une séquence assez rapide et sombre qui, si elle n'atteint pas des sommets d'intensité, passe tout de même très bien. Intensité qui sera à mon sens bien supérieure pendant les solos de clavier et de guitare, que du coup j'aurais aimé plus longs ! La fin du morceau, en revanche, m'enchante moins. En effet, après une partie très atmosphérique qui me fait un peu penser à du Yes (époque Relayer), nous avons droit à une séquence encore une fois beaucoup trop sucrée à mon goût.

Difficile d'avoir une vision globale de cet album extrêmement hétérogène (et surtout inégal). Les premiers moments promettent beaucoup, puis on retombe dans quelque chose qui oscille du correct au carrément mauvais, émaillé ça et là de quelques moments de grâce (je pense à certaines parties instrumentales de The count of tuscany, ou encore au début de The shattered fortress). Je suis d'autant plus déçu que l'impression d'audace laissée par le début de l'album laisse place finalement au risque zéro, incarné par des mélodies et des sonorités souvent faciles (il est loin, le temps d'Awake !) et des références au passé du groupe. Dommage.
Sagremor
5
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le 12 janv. 2012

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