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On a parfaitement le droit ? le devoir ? ? de grandir avec, comme père et mère, une intégrale de Nick Drake et le 69 Live terrassé aux narcotiques du Velvet Underground. Comme quelques déserteurs notoires de l'electronica ? Adem ou même Cyann & Ben en France ?, Gravenhurst est remonté au folk anglais des sixties pour tenter de percer les mystères d'une écriture solennelle et pourtant bucolique. Mais comme à Bristol il a appris à composer avec des manipulateurs soniques comme Third Eye Fondation ou Flying Saucer Attack, son folk ignore tout des dogmes MJC, retenant des évidentes idoles Bert Jansch ou Vashti Bunyan une liberté de jeu et une musicalité qu'il confie ensuite à de discrets outils électroniques, à d'étranges constructions : son folk ne sent jamais la naphtaline, déréglé par une électricité rampante ou des bizarreries de décor ? ainsi une reprise pastorale mais sacrément habitée du Diane des forcenés d'Hüsker Dü, réduite à un somptueux murmure. Dans la glorieuse lignée de Legendary Pink Dots ou Eyeless In Gaza qui, dès les années 80, importaient eux aussi tension et outils futuristes dans le pré carré souvent trop sage du folk. Pas de l'antifolk : de l'outre-folk. (Inrocks)


En visite sur le site de Gravenhurst, des phrases laconiques et mystérieuses s'affichent en haut de la fenêtre du navigateur. Swimming beneath the microscope. There's no flight home today. Why are people grudgeful? Oui, pourquoi les gens sont-ils plein de rancoeur ? Nick Talbot est bien éloigné de tout cela, sa musique semble délestée des sentiments exacerbés qui parasitent la vie des gens. Il y a quelque chose de profondément ankylosé dans ce folk minimaliste. Black Holes In The Sand déroule son tempo menaçant sur plus de sept minutes, mélopée acoustique zébrée de larsens, de choeurs fantomatiques, qui s'éteint sur une partie d'Omnichord sépulcrale. Talbot y chante d'une voix douce et aiguë, comme étranger à  lui-même, spectateur de quelque désastre intime. Des titres comme Flowers In The Hair et Still Water semblent plus apaisés, dévoilant un jeu de guitare lumineux et un goût sûr dans l'art d 'habiller des chansons avec trois fois rien. Le choix d'une reprise d'un classique de Hüsker Dü ne rassure pas vraiment sur l'équilibre mental de Talbot qui classe Henry: Portrait Of A Serial Killer et Psycho parmi ses films préférés. Diane évoque les funestes et menaçantes pensées d'un homme qui accueille dans sa voiture une jeune auto-stoppeuse. Ou comment changer un classique du punk rock américain en sublime ballade mortifère. Après le beau Flashlight Seasons paru cet été, Gravenhurst enfonce le clou avec ce mini-album indispensable. Attention, il est rouillé.(Magic)
Alors que Flashlight Seasons avait été fait il y a plus d’un an et d’abord sorti sur son propre label Silent Age puis ressorti sur Warp records moins discrètement, ‘‘Black holes in the sand’’, EP 6 titres, correspond à la nouvelle matière que produit Nick Talbot ces derniers mois. Il n’a pas viré electronica ou quoi que ce soit dans le genre. Toujours du folk, du très bon même. Toujours ce sens inné du songwritting (‘‘I held the hand that threw the stone that killed the bird that woke the city’’) et des mélodies à vous faire chialer (‘Black holes in the sand’, ‘flowers in her hair’ … bref toutes les chansons !). Même votre mère doit adorer ça ! Et que dire de sa reprise de ‘Diane’ d’Husker Dü si ce n’est qu’elle est parfaite ? On dirait même qu’elle est de lui. Gravenhurst a cette particularité rare de transpirer ses chansons. Une drôle d’authenticité que peu de monde possède à notre époque. Peut être des Devendra Banhart ou encore Joanna Newsome en ont gardé quelques traces. 6 chansons de pur bonheur, mais peut être moins mesurées que sur Flashlight Seasons. C’est moins fragile, moins cette impression de passion, de douleur. Mais tout de même une preuve supplémentaire de la supériorité de Nick Talbot, une preuve supplémentaire que les gars de chez Warp savent ce qu’ils font et que Gravenhurst n’est pas un coup de pub à la Vincent Gallo mais belle et bien une huître perlière. (liability)
bisca
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le 27 mars 2022

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