Parfois, il faut beaucoup pour innover, créer et inventer. Et puis parfois non.
Souvent, il faut se creuser la tête pour trouver "Le nouveau truc qui déchire", et quelques fois, c'est tout con.
Donc en 1970, quand quatre timbrés tout droits sortis des bas-fonds de Birmingham te sortent l'album le plus influent de l'histoire du gros son qui pique, il aura fallu de peu, mais surtout d'une simplicité redoutable :
"Eh les mecs, les gens vont voir des films qui font peur, et si nous on faisait de la musique qui fait peur ?"
"Putain carrément, j'propose d'utiliser un intervalle maudit et interdit au moyen-âge et d'le customiser avec un accordage plus grave et une guitare électrique !'
Et bim.
Tu lance l'album, t'entend les cloches d'"Hell Bells" et "For Whom de Bell Tolls" résonner avant l'heure, la pluie et l'orage au loin, et ce putain de riff arrive dans tes oreilles comme un raz de marée sanglant : ça te prend au tripe, ça te retourne, et qu'est-ce que c'est fichtrement efficace.
Vient ensuite "The Wizard", qui change relativement du ton du premier morceaux tout en conservant une atmosphère bien singulière, et intrigante. Y'a un harmonica aussi. qu'est-ce qu'il fout là ? On sait pas mais ça déchire.
Après t'écoute "Behind the wall of sleep", plus joyeuse, mais cette fois-ci pour bien constater à quel point le guitariste est un dingue. Le genre de mec si doué qu'on pourrait lui couper des doigts sans que ça change quoi que ce soit à son génie (héhé).
"N.I.B".
Bon alors là c'est le headbang non contrôler après une intro à la basse prodigieuse. Et ce riff, ces paroles..... C'est cynique, implacable et encore une fois, c'est d'une efficacité sans équivalent.
Une fois que t'as fini de te décrocher la tête sur les dernières notes de ce solo d'anthologie, tu tend l'oreille pour entendre "Evil Woman" : sympathique, là encore plus joyeuse, mais faisant un poil trop penser à du Deep Purple en plus sombre. Dommage, sans être une erreur ou un faux-pas.
"Sleeping Village" et ses notes prononcées à l'acoustique se font alors entendre.
C'est si beau, mélodique, posée, contemplatif. Le genre de truc qui émanerait d'un tableau de Van Gogh. C'est con que le reste de la chanson, cette fois-ci jouée à la guitare électrique vienne un peu tout gâché avant de se rattraper sur un ton plus speed et amusant. Dommage, mais juste pour l'intro mémorable à l'acoustique, on pardonne sans rancune.
"The Warning" arrive, avec ses riffs bien lourd, cette voix puissante, et cette batterie discrète, mais si précise et reconnaissable.
OH ET EN PARLANT DE RIFF ET DE BATTERIE.
BIENVENUE EN ENFER MON COCO : "WICKED WORLD" EST DANS LA PLACE.
Bon alors là c'est la grande classe, l’avènement d'une nouvelle époque, d'un truc déjà amorcé par les autres morceaux, mais là c'est confirmé sur tout les bords. Un interlude de toute beauté, bien posé, qui aurait bien fait d'être la suite de l'intro de "Sleeping Village", ET PUIS TIENS.
UN SOLO DE TOUS LES DIEUX.
Ou plutôt de tous les démons, ici.
ET UN AUTRE RIFF DE TUEURS.
L'album se termine, et tu le sais au fond de toi, un truc à changer. Ce fichu truc de 40 minutes vient de t'influencer et de te changer les idées comme aucun autre n'aurait sûrement pu le prétendre.
Ozzy, Tony, Geezer et Bill sont arrivés, et il va pleuvoir des cordes.
Un dernier mot sur la jaquette, toute fois : absolument mythique.