« Black Woman » de Sonny Sharrock pourrait être comparé à un chef d’œuvre, il n’y aurait aucun scandale, alors, qu’il soit cité dans la FLMt° List n’a rien d’étonnant, c’est son absence qui aurait été regrettable, mais, dans cette hypothèse, nul doute que « Monkey – Packie- Boo », de la série Byg Actuel, aurait suppléer à ce manque.
L’album a été enregistré l’année de sa sortie, 1969, sur Vortex Records, assez curieusement il a été produit par Herbie Mann. La formation qui œuvre ici est assez exceptionnelle, sur la face A Sonny joue de la guitare et son épouse Linda Sharrock chante. Dave Burrell est au piano, Norris Jones à la basse et le grand Milford Graves est à la batterie. Face B ils sont rejoints par Teddy Daniel à la trompette et Richard Pierce à la basse.
Sur cet album le jeu de Sonny n’est pas si « destroy » que ça, on n’y entend pas les outrances dans les effets comme avec Jimmy Hendrix qui aimait les pédales et les distorsions, ça ne coule pas non plus comme chez Wes Montgomery qui virtuose en chef. Non ici la guitare de Sonny est souvent d’accompagnement, pourvoyeuse d’énergie et dessinant des paysages musicaux venant d’un peu partout comme sur « Bialero » présenté comme un traditionnel français, je confesse en avoir jamais entendu parler avant d’avoir écouté cet album.
Une guitare qui accompagne mais qui joue des mélodies et des dissonances aussi. L’autre pôle voyageur c’est Milford grave qui tricote des rythmes du bout des mondes. Dave Burrell est également un constructeur de monde mouvant et déstabilisant. Mais, surtout, la surprise vient de la voix de Linda Sharrock qui vocalise, chante et onomatopie à l’envie, elle chèvre même parfois avec le bon goût de toujours s’arrêter au bon moment afin de ne jamais risquer d’être autre chose qu’un tremplin à la beauté.
Un album court, et c’est là son seul véritable défaut, mais qui remue en profondeur…