Organique et Introspection

Avec son attitude modeste et détaché, Kurt Vile nous montre avec brillance et éclat l'évolution de sa vision de la vie à travers ce nouvel album à sonorités itinérantes et blues.

Sorti le 25 septembre 2015, B'lieve I'm Goin' Down... est une aventure dans l'organique et l'introspection. Cet originaire de Pittsburgh n'est pas un nouveau sur la scène du rock indé, dans un premier temps membre fondateur du groupe The War on Drugs qu'il quitte en 2008 pour se concentrer sur sa carrière solo, il sort au cours des années 2000 et 2010 six albums solos.

Jusqu'ici, Vile faisait produire ses albums en collaboration avec John Agnello,  producteur reconnu de la scène rock aux États-Unis ayant produit des albums pour des groupes comme Sonic Youth ou Dinosaur Jr pour ne citer que les plus récents. Cette fois en revanche, Vile décide de produire son propre album avec  son ami et collaborateur Rob Laakso. 
Tout au long de cet album composé de 12 chansons, Kurt Vile redécouvre ses influences, riche de folk à la Neil Young et délaisse un peu son côté psyché et distorsionné grâce à cette nouvelle liberté de production. Il écrit ici avec un son beaucoup plus pur et naturel. Ceci est surtout lié à un changement d'instruments. Se détachant de sa guitare et de ses pédales, Vile consacre son Banjo en lui conférant une place centrale dans  « I'm an Outlaw » ou « Wheelhouse ». 
B'lieve I'm Goin' Down est réellement un travail introspectif, autant mélodiquement que lyriquement. 
 Sur le thème de l'introspection, Kurt Vile aborde une nouvelle phase de sa musique, similaire d'ailleurs à celle de Mac DeMarco et son Another One. La confidence semble être la tendance parmi les grands songwriters,. Alors qu'il a toujours semblé attentif au monde autour de lui en partageant ses sentiments les plus intimes et sombres, Vile est plus introspectif et pensif dans B'lieve I'm Goin' Down. Il se moque parfois de lui même en décrivant ses faux-pas dans « Kidding Around » et l'innocence et la naïveté de sa jeunesse dans le Dylan-esque « Wild Imagination ». C'est dans la chanson ouverture, assurément le morceau le plus pop qu'il a sorti pour l'instant, que l'écriture de Vile prend de la profondeur. L'interprète parle de lui même à la troisième personne, comme un homme q    ui ne se reconnaît pas dans le miroir, comme s'il s'est perdu en route. Les chansons de cet album pourraient être interprétées comme des leçons de vie que Vile pourrait un jour partager avec ses enfants. 
Bien que B'lieve i'm Goin' Down soit l'album le plus introspectif de Vile, c'est également son plus expansif tout en gardant les qualités que les fans affectionnaient tant. Son écriture est plus profonde et son storytelling brille à travers de nombreux morceaux. Bien que parfois certaines chansons peuvent être assez symboliquement pesantes, il réussit à couper la densité avec de l'humour. Ici on peut voir un artiste au sommet de son jeu, qui a, de nouveau, rassemblé un album réfléchi et magnifique.