Satané Clapton, chaque projet qu'il embrasse se transforme en or. En même temps, les troupes avec qui il a collaboré le laissaient présager. Nan parce qu'un artiste qui en l'espace de 6 ans a pu travailler avec Georges Harrison, Steve Winwood, John Mayall, Ginger Baker, Jack Bruce, The Yardbirds, etc... Bon on comprend le "Clapton is God".
Après la fin de l'épopée Cream, premier supergroupe de l'histoire, et 3 albums dont 2 légendaires ("Disraeli Gears", 1967 et "Wheels of fire", 1968), Eric embarque avec son collègue Baker vers de nouveaux cieux artistiques en fondant le projet "Blind Faith", nouveau supergroupe regroupant nos 2 ex-Cream (guitare et batterie), Steve Winwood ex-Traffic (à la guitare et l'orgue) et Ric Grech ex-Family (à la basse et au violon). Tout cela encadré par l'ancien manageur du "Spencer Davis Group" (de Winwood) et à partir de "Beggars Banquet", celui des Stones : Jimmy Miller.
Sur le papier, l'association est annoncée magnifique et virtuose, un digne héritage à Cream. L'excitation est conséquente outre-Manche et outre-Atlantique, et le groupe fait sa première apparition au live de Hyde Park devant plus de 400 000 personnes.
Sur le disque, elle tient toutes ses promesses. En 6 titres blues-rock, la bande enchaîne les bijoux rythmiques et les envolées virtuoses.
"Had to cry today" en introduction, 8 minutes d'un riff majestueux, un des tout meilleur du gars de Ripley. Winwood y est, comme dans tout l'album, émouvant et à son meilleur, lui qui m'a toujours fortement remué de sa voix si forte et belle. L'ensemble colle à la perfection, et les titres s'enchaînent. "Can't find my way home", ballade magnifique ou l'ex Traffic transporte avec sa voix si prenante ; la reprise de Buddy Holly "Well...all right" est bonne mais est un des points faible de l'album, beaucoup moins intéressantes et magiques que le reste ; "In the presence of the lord" énorme avec la voix de Winwood et le tout-aussi énorme solo de Slowhand ; "Sea of Joy" virtuose magique ; et enfin "Do what you like", véritable jam de 15 min où on peut admirer notamment tout le talent de Ginger Baker derrière ses toms.
Le groupe sera détruit par les critiques pour la pochette de l'album, représentant une fille de 14 ans nue portant un avion avec un sous-entendu phallique (l'album à la banane du Velvet n'a qu'à bien se tenir), tout comme la musique que ces derniers recevront froidement. Cependant, le public adorera et l'album se vendra à plus d'1 million d'exemplaires.
Et même si le groupe se séparera assez vite, après la sortie de l'album et une poignée de concerts, rien n'enlèvera le culte de cet album, véritable manifeste blues-rock virtuose, liant ses 4 protagonistes à jamais.
Clapton is God et cet album n'y est pas pour rien.