roisième album de cette longue série, Blind Worms, Pious Swine a la difficile tâche de passer après le sublime Corazones. Une mission qu’il a malheureusement du mal à effectuer. Il a pourtant tout pour nous séduire. La rumeur veut que cet album soit issu des premiers balbutiements du groupe Bosnian Rainbows, un des nombreux projets de Omar Rodríguez-López. Il est vrai que Blind Worms, Pious Swine se rapproche énormément ce genre de musique. Cependant, il n’est pas aussi marquant que le premier album de Bosnian Rainbows. Cela ne le rend pas inintéressant pour autant…


Dans la continuité de Corazones (mais en moins bien).


Ce troisième album s’inscrit dans la continuité du précédent. Omar y va doucement avec son public, ce qui n’est pas forcement dans ses habitudes. Blind Worms, Pious Swine fait, tout comme Corazones, les yeux doux aux compositions pop et aux structures simples. Ce qui n’est pas non plus dans les habitudes du musicien. Omar que t’arrive t-il ? Bon, ne faisons pas les fines bouches et tentons d’apprécier ce que nous propose cet album.


Il faut bien avouer que les premières écoutes de l’album ont été très mitigées. Plusieurs titres comme « Savage Letters » et « Mariposa » ont du mal à convaincre. Trop cliché pour l’un, trop gnangnan pour l’autre, la pilule a du mal à passer. Omar Rodríguez-López est une fois de plus là où on ne l’attend pas, c’est louable. Mais ça ne fonctionne pas vraiment sur ces deux titres.


Quand Rodríguez-López empoisonne la pop…


Rassurez vous, Blind Worms, Pious Swine n’est pas une catastrophe. Loin de là. « Atlantis Is Rising » est un formidable morceau. Basses menaçantes, guitares sous LSD et synthés mignons, la sauce prend bien. Elle prend si bien qu’on se retrouve à secouer la tête sans s’en rendre compte. Ce qui est également le cas sur « Black Mass » ainsi que sur « Tunnel Riot ». L’album s’ouvre également de la plus belle des manières avec délicat « Vanishing Tide ». Un titre fort à l’introduction trompeuse, à l’image des probables intentions de Omar Rodríguez-López sur cet album.


Que dire de la surprenante reprise de « Lights » ? Interprété par Ellie Goulding et élu meilleur morceau pop aux états unis pendant l’année 2011, Omar assume de plus en plus son attirance pour ce genre de musique. Pas de panique, la version de Rodríguez-López est à mille lieux de celle de Ellie Goulding. Le rythme y est plus chaloupé et les arrangements n’ont rien à voir avec ceux de la version originale. Pourtant, la mélodie reste la même. Preuve qu’il y a parfois du bon à tirer de la musique mainstream.


Le grand retour des improvisations !


Les quatre derniers morceaux de cet album procurent quant à eux une grande satisfaction. « Swollen Neck », « Hieroglyphs From Hell », « Acacia » et « Only Nothing Is » ne forment qu’un seul et unique morceau. Probablement issu d’une improvisation entre Rodríguez-López et le batteur Deantoni Parks, cet enchaînement rappelle les fresques progressives de la discographie du guitariste. Les quatre morceaux font également écho aux sonorités de Sworn Virgins, premier album de la série 2016. Comme si Omar Rodríguez-López souhaitait remercier les fans d’avoir tenu le coup face à cet énième changement de style.


Omar prend les devants !


Trois albums et une première remarque. Omar Rodríguez-López ne cache plus sa voix. Alors qu’il avait tendance à mettre en avant celle des autres, le guitariste se transforme en chanteur avec brio. Bien que sa voix semble parfois fragile, elle est soutenue en quasi-permanence par celle de Teri Gender Bender. Une alchimie qui fonctionne à merveille depuis trois albums et qui donne un peu d’air frais à la musique de Rodríguez-López.


Malgré de très bons morceaux et une clôture d’album digne de ce nom, Blind Worms, Pious Swine se classe comme l’album le moins intéressant de cette série 2016. La faute à deux morceaux pas vraiment à la hauteur. C’est donc un triste 3/5 Omar avec des grosses lunettes… Une note probablement sévère. Difficile de faire la différence après l’exceptionnel Corazones.


L'aventure Omar Rodríguez-López cuvée 2016 en détails sur www.madafaka.fr

Créée

le 17 août 2016

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