Charles Gayle Quartet - Blue Shadows (2008)


On trouve ici les mêmes musiciens que sur « Raining Fire » et « Translations », rien d’anormal puisqu’il s’agit des mêmes sessions. En deux mille sept les gars de « Silkheart » ont franchi le pas et décidé que l’on ne pouvait laisser de côté du matériel de ces sessions, trop vibrant, trop viscéral, impossible de laisser de tels trésors dans l’ombre.


A l’écoute on comprend. Ça ouvre avec « Inside The Sun », trois minutes moins une seconde et déjà il n’y a plus débat. Trois minutes de feu, un Charles Gayle incandescent, ça mériterait une sortie en quarante-cinq tours, pour montrer aux zigs du top cinquante ce que c’est de la bonne musique, qui vibre et arrache, vous parle aux tripes et vous envoie quelque part au nirvana, un aller simple et sans retour !


« Blue Shadows » qui suit est moins expéditif, Charles prend le temps du bavardage, même si ça speed un max, à fond comme d’hab. Des circonvolutions continuelles, on prend le temps de faire le tour, d’explorer et d’en remettre un peu encore, histoire de ne pas finasser, vous en voulez ? En voilà, encore et encore, jusqu’à plus soif, et encore un peu si ça vous va…


Allez ! On va faire un tour dans les graves, bien au fond, et puis on remonte la colonne d’air en en faisant le tour, avec soin, sans rien oublier, les doigts savent, ils connaissent le chemin, mais surtout la voie, bien suivre la voie sans en dévier, ne rien négliger, c’est facile quand on est porté comme ça, suffit de suivre la voie : de penser aux esprits, au bon et au bien…


Arrivent ensuite deux versions d’« Eternity Promised », la première de plus de dix-sept minutes et la seconde qui dépasse à peine les deux minutes, mais peut-être est-ce assez long pour avoir une idée d’éternité ? Allez savoir avec Charles et ses Bondieuseries, il en est plein, il les respire et elles le guident. Est-ce un hasard si tous ces musiciens hors normes et fantastiques, ce quarteron d’anges illuminés, soient tous des fous de religion ?

La pièce suivante en est un autre témoignage, « Hearts To Jesus », toujours cette sonorité si primordiale, essentielle, brute. Les deux basses à l’arrière font un sacré boulot, elle donne de la chair à moudre, royales, grattées, pincées ou à l’archet, elles tempèrent en qualque sorte tandis que Michael Wimberly bouscule, tapant et frappant avec puissance, roulant les tambours et cinglant les cymbales, c’est lui le premier feu !


Un album qui fait partie de ceux qu’on n’abandonne pas en route, car il y a plus que la musique, il y a l’âme, l’enjeu est considérable, pénétrer dans ce monde et l’écouter est déjà compromettant, c’est aller trop loin, trop vote, sans retour…


Les albums de Charles Gayle sont des brûlots, et ceux sur Silkheart sont en première ligne.


xeres
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le 7 sept. 2023

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