Boonoonoonoos
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Boonoonoonoos

Album de Boney M. (1981)

Aujourd'hui, je me fais l'avocat du diable. Défendre un album d'un groupe indéfendable : Boney M ! Qui plus est, le moins connu et le plus ignoré de leurs albums ; "Boonoonoonoos" (1981).
Alors petit rappel historique : Evidemment on connais tous les tubes discos du groupe, ces plaisirs coupables ("Daddy cool", "Ma baker", "Rivers of Babylon", etc...). Des morceaux honteux, mais qui squattent encore aujourd'hui nos discothèques et nos soirées nostalgies.
Pourquoi tant de mépris ? Parce que Boney M est un groupe bidon et que ses membres n'ont jamais chantés qu'en playback. Le grand manitou derrière cette façade s'appelle Frank Fabian, un producteur compositeur allemand, tout ce qu'il y a de plus caucasien et qui prête sa voix au groupe après une bonne grosse séance de mixage. C'est ce même personnage qui sera une décennie plus tard, derrière un autre groupe bidon qui fera scandale, Minni Vanilli. Boney M n'a jamais eu de succès aux USA et les ricains se sont fait bernés par Minni Vanelli et leur attribuant le Grammy Awards du meilleur espoir, avant que l'on découvre la supercherie. Frank Fabian avait inventé avant tout le monde le concept du boys band.
Mais revenons à "Boonoonoonoos". Nous sommes en 1981 et le disco est en train de rendre l'âme. Frank Fabian sent le vent tourner, mais visiblement, il ne sait pas trop dans quelle sens. Il faut donc réorienter le style du concept Boney M. C'est là que sort cette album.
Un album totalement hybride, qui s'influence de tout ce qui semble avoir du succès au tournant des années 80 (Pink Floyd "The Wall", Blondie, Orchestral Manoeuvres in the Dark, Madness, etc...). Exit donc la disco, on a rangé les violons au placard.


L'album commence avec le titre éponyme très influencé par the Alan Parsons Project, électronique et mélodique et on reconnait facilement la basse de Pink Floyd copié de "Run like hell". Le titre s'enchaîne sans pause avec "That's boonoonoonoos", la rupture est totale, un morceaux à base de reggae, ska, consonances antillaises et même un passage rappé ! (Je rappelle que nous ne sommes qu'en 1981 ! Frank Fabian est vraiment à la pointe de ce qui se fait).
Troisième titre "Silly confusion", retour à l'électronique avec un synthé bien marqué qui annonce la new wave, qui sera au final la direction que prendra Boney M dans son album suivant.
Mais pour l'instant, on tâtonne. Un quatrième titre "Ride to Agadir" revient encore à "The Wall" de Pink Floyd à qui on emprunte "Another brick in the wall" cette fois ! Suivit d'une ballade folk "Jimmy".
Revirement avec "African moon" influencé par le ska de Madness qui vient de faire un carton avec "One step beyond". Pour revenir à un titre en deux parties influencé par la noirceur thématique de "The wall" (encore), "We kill the world" et sa deuxième partie ("Don't kill the world") qui semble parodier "We are the world" de Michaël Jackson... sauf que Bambi n'a pas encore écrit cette chanson !
Après "Homeland Africa", l'album devient moins intéressant et frise souvent le mauvais goût. On part en voyage, direction les Caraïbes, avec le titre le moins surprenant de l'album, "Malaika" derrière lequel on reconnait les rythmiques du Boney M d'avant. Prochaine étape les Andes avec "Consuela biaz", un titre folk terriblement kitsch à la flûte de pan inspiré de "Fernando" de ABBA, LA fausse note de l'album !
"Breakaway" est le dernier titre inattendu. Un morceau jazzy, avec une grosse basse funk et des relents de comédie musicale à la "Grease".
L'album se termine avec une deuxième tournée dans les Caraïbes et les Andes avec "Sad movies" et "Goodbye my friend".
Certes Frank Fabian n'est pas comparable à Roger Waters, mais l'influence de "The Wall" sur cet album décousu est surprenante, inattendue !

Jean-FrancoisS
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le 18 nov. 2016

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