A défaut d'être comme l'Iguane, de croire que le fait d'être exposé aux amplis et aux guitares électriques peut modifier l'alchimie d'un corps, la saturation ou autres riffs bruitistes ont depuis très longtemps provoqué un attrait particulier chez ma personne... pas tant guidé par un désir inavouable d'acouphénïte aiguë mais le sentiment paradoxal d'une certaine quiétude face à ces assauts saturés, une extase hautement sensorielle pouvant paradoxalement offrir un large panel de couleurs, riches à l'écoute de The Diamond Sea des Sonic Youth ou froides et déshumanisées chez Godflesh (Pure II). Une alternance de chaud et froid à l'image du Feedbacker des japonais Boris.


Si sur leur premier album (Absolutego), la formation en provenance de Tokyo menée par Atsuo (batterie/chant), Wata (guitare) et Takeshi (basse/guitare) se fondait clairement dans le moule d'un metal drone, trivialement une version kamikaze de Earth s'acoquinant avec les secousses telluriques d'un Sleep, le patronyme du groupe ne laissait que peu de place aux mystères, leur principale influence ou prochaine ligne de conduite se prénommait The Melvins. Car en plus de faire référence à la première chanson de Bullhead (1991), album de Buzz Osborne & co, on retrouve en effet chez le trio cette capacité à transcender les genres avec un goût volontaire pour les dissonances.


Après deux albums teintés de sons seventies, soit un album stoner, le bien nommé Heavy Rocks (2002), et le bouillant Akuma no Uta sorti l'année suivante (3), Boris embraye avec de nouveau, comme trois années auparavant, avec un album composé d'une seule chanson (scindée cette fois-ci en 5 parties). Contrairement à Flood (2000) qui se voulait beaucoup plus proche d'un minimalisme psychédélique, Feedbacker entretient une atmosphère beaucoup plus tendue ou comment s'approcher le plus tard possible de la rupture en caressant l'auditeur d'électricité distordue.


Boris At Last - Feedbacker s'ouvre par une lente montée dissonante, une longue plainte saturée, transition parfaite pour une deuxième plage mélodique et ambient au parfum de plus en plus dramatique. Une tension accumulée au cours de ces deux parties devant impérativement céder sa place à une rage purement rock'n'roll le temps d'une Part III, le dernier sursaut de vie et de fureur avant le magma sonore, véritable maelström bruitiste où viendront s'engouffrer les derniers espoirs perdus sur la dernière plage, variation du thème désespéré de la partie II offrant une dernière saturation discontinue en guise de sarabande finale à l'existence de la demoiselle gisant désormais dans une mare de sang.


Un des albums de 2003.


http://www.therockyhorrorcriticshow.com/2010/10/cronico-ristretto-boris-at-last.html

Claire-Magenta
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le 30 janv. 2013

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