Quand Paul Desmond souffle, le printemps est là, le soleil passe dans les peupliers, l'enfance revient comme une brise, ça ne s'explique pas, il est le seul à pouvoir faire ça.
Autour de lui, rien que dans sa catégorie, Cannonball Adderley, Johnny Hodges, Lee Konitz, Jackie Mc Lean, Art Pepper ... pas précisément des manchots, mais il n'y en a qu'un seul, Paul l'unique, le seul, le flegmatique, pince sans rire, tombeur de ces dames, Desmond, un pseudonyme qui sonne comme des amandes dorées, il peut jouer n'importe quoi, des standards mille fois rabachés, "stardust", "I get a kick out of you"... L 'esprit souffle où il veut. Ecoutez "Two Degrees East, Three Degrees West" avec John Lewis, ou, sur cet album, "A ship without a sail" avec Jim Hall ...
La délicatesse, la légèreté, la limpidité, la concision, la justesse, la précision, l 'élégance, les mots sont pauvres, on n'explique que difficilement la grâce, le tact, le groove et la mélancolie jointes...
Mingus et Braxton venaient le voir sur son lit d'hôpital à la fin, lui qui voulait être écrivain, son souffle va plus vite qu'un roman, il souffle dans son alto comme d'autres respirent ou sifflent, Desmond, c' est une brise d'été,
une hirondelle, il passe entre les gouttes de la pluie, il s'achemine, il perturbe par la beauté de son trait, il s'insinue dans votre esprit, écoutez les autres, ce n'est pas pareil, tout le monde le savait, Desmond, c'était de l'or...
https://www.youtube.com/watch?v=Jr_k1up_gn8