Art, mon Dieu...

Écouter Breackaway c'est s'exposer au risque de devenir un païen fanatique vénérant des effluves sonores à la puissance surnaturelle. Personnellement, si j'avais des talents de sculpter, il y aurait des totems à l'effigie d'Art Garfunkel partout chez moi. Pourquoi ? Simplement parce qu'il est difficile de ne pas croire que c'est un ange, ou du moins un esprit bienveillant dépassant la condition humaine, qui s'exprime quand Art - oui c'est comme ça que je l'appelle, et je ne vois pas où est le problème, tout le monde dit "Jésus" tout court alors... - quand Art, donc, fait couler dans l'air sa voix douce et pure dont il manie le cours avec une maestria lyrique à vous en décrocher le cœur d'émotion. Simplement, vous dis-je, parce qu'il est difficile de ne pas être subjugué par cette évidence phonique au goût d'absolu qui se fait sentir lorsqu'il délivre ses saintes notes.
Vous voyez ?! je ne suis plus qu'un hérétique amoureux fou d'une divinité au grand front et coiffure douteuse devenue presque inconnue, effacée par la carrière plus "complète" du chanteur, compositeur et interprète Paul Simon, son ancien partenaire, son Juda... enfin, peut-être pas son Juda, ok...
C'est vrai, Art n'a pas composé les chansons de cet album. Mais ceux qui l'ont fait, apôtres fascinés par le miracle vocal qu'incarne le bonhomme, se sont surpassés pour lui offrir des morceaux dignes de sa grandeur - des morceaux teintés de mélancolie et/ou de joie tranquille pendant lesquels Art semble presque être en mesure de matérialiser les sentiments amoureux dans une quatrième dimension.
Enfin, arrêtons là mes délires frisant l'hystérie pour conclure : Breackaway est un bijou d'une rare pureté.