Il y a des choses impérissables, même quand l'âme se dépérit, et de même quand elle s'enivre. Des éléments qui restent à jamais, dans les confins de notre être. De l'esthétisme pur.
Si j'avais un jour su, que Supertramp (avec les Eagles et Neil Young) serait un des mes groupes préférés ? Bien sûr que non. Les grandes œuvres murissent, avec le temps, les écoutes, et nous même, elles nous accompagnent au delà de leur diégèse artistique. Elles s'imprègnent et façonnent notre quotidien, nous font envisager l'existence autrement. Breakfast in America c'est ma panacée du rock.
Je n'ai à ce jour rien écouté de semblable et de supérieur en rock, alors que sa simplicité pop est déconcertante. Un concept album sur un petit déjeuner américain ? Comme sur de nombreux concept albums, l'idée n'est pas consistante. Et pourtant, des mélodies enivrantes, des riffs indomptables, l'intro à l'harmonica de "Take The Long Way Home", l'amour de "Oh Darling", l'incisif "Just Another Nervous Wreck", la sensibilité pop de "Goodbye Stranger" et le clou du spectacle prog "Child of Vision" font de cet album accessible et sensible le paroxysme de l'ivresse mélodieuse de l'éloge de la musicalité. Une ode au son, aux 70s, à la musique.