Le plus intéressant n’est pas ici le best of, irréprochable enfilement de tubes tapageurs, mais un second CD, Electronic Battle Weapons 1-10, qui offre un aperçu plus probant de l’expérience apocalyptique des frères chimiques. De la poussière ils sont passés aux bulles et aux explosions. En effet, à l’origine, Ed et Tom s’étaient choisi Dust Brothers comme nom, avant d’abandonner suite aux menaces d’autres Dust Brothers aujourd’hui disparus (producteurs entre autres de beaux albums des Beasties et de Beck). Chimiques et dangereux, ils seront. Treize ans plus tard, les Chemicals font toujours de la fumée et bousillent toujours gaiement les oreilles de leurs fans (un concert sans boule Quiès est un suicide auditif assuré). Et alors que les tubes se font moins remarqués, mais outranciers, c’est sans doute vers le son pur qu’il faut aller chercher la substantifique mœlle des frères de son. Les morceaux inédits du second disque, collection de maxis rares, ouvrent les portes de l’enfer, le champs de bataille sur lequel évolue depuis les débuts Simons et Rowlands. Beats et rythmes sans concessions, infra basses à dose maximale, vibrations et effets psychotropes divers et nombreux, les armes de destruction massive existent bel et bien. Entre l’émetteur et celui qui reçoit, c’est toute la dimension du rock et de la musique populaire dans ce qu’elle a de tension sado-masochiste qui est ici portée au sommet. Un scud pour le dessert ?(Inrocks)