Après son départ de Queens Of The Stone Age et un Ep en demi-teinte, Mark Lanegan revient par la grande porte. Si l'on retrouve une grande partie des musiciens de la galaxie QOTSA et Desert Sessions (Josh Homme, Nick Oliveri et Chris Goss), c'est bel et bien l'ex-Screaming Trees qui est aux manettes de Bubblegum. Le blues qui est couché ici ne laisse aucun doute là -dessus. D'ailleurs, on pense très souvent à Tom Waits : celui d'il y a trente ans pour les arrangements les plus simples (Strange Religion, One Hundred Days), celui d'aujourd'hui pour les ritournelles étranges (Like Little Willie John) et celui de toujours pour la voix ténébreuse du bonhomme et son goût du whisky. Du pain bénit pour un duo avec Greg Dulli, grand amateur de blues et accessoirement de bourbon, mais aussi pour la voix brûlante de PJ Harvey (Hit The Cityet Come To Me). Décidément, la dame semble véritablement avoir été touchée par la grâce lors de ces séances d'enregistrement, comme elle l'avait déjà fait entendre sur trois titres fantastiques des dernières Desert Sessionsenregistrées avec ladite bande. Et si Bubblegumne parvient pas à tenir la distance, il recèle çà et là de petits bonheurs qui raviront autant le fan conquis d'avance que l'amateur exigeant.(Magic)
A force de l'avoir laissé se cacher derrière des groupes dont il illuminait par sa classe un répertoire parfois lourdement plombé, on avait fini par oublier que Mark Lanegan rassemblait régulièrement ses confessions de dérive dans de superbes album solos ("Whiskey for the Holy Ghost" en 1994 et à un moindre degré "Scraps at Midnight" en 1998) qu'on ne se lasse pas de passer, les soirs où le moral prend les teintes d'un ciel de fin novembre. "Bubblegum" ne fait pas exception à cette règle : pochette classieusement noire, voix de fond de larynx esquintée par deux décennies de Camel sans filtre et inspiration en provenance directe d'une existence qui paraît suffisamment sombre pour qu'on ne la souhaite à personne. Crédité à un groupe qu'on cherchera vainement tout au long de plages où les musiciens échangent leurs places ou leurs instruments, gorgé d'invités attendus (Josh Homme, Chris Goss) ou moins (PJ Harvey, jamais aussi bonne que sur les deux titres où elle vient pousser la vocalise, ou Izzy Stradlin et Duff McKagan, les Abbott et Costello de Guns'n Roses), "Bubblegum" n'en conserve pas moins l'homogénéité et le style de l'enfant d'Ellensburg, Washington, fait de ballades poisseuses et altières et de chansons plus rapides et plus primitives. La différence, c'est que Mark Lanegan, à l'approche d'une quarantaine où ses anciens condisciples tournent en rond ou achètent des pavillons de banlieue à Portland, parvient enfin à écrire un disque qui caresse l'excellence des modèles qu'il a toujours implicitement revendiqués - Neil Young, Tom Waits ou Jeffrey Lee Pierce. "When Your Number isn't Up" ou "Come to Me" se hissent très haut dans la catégorie des complaintes torturées soutenues par une belle ligne de guitare (la seconde en particulier, avec la petite brune du Dorset, est un ravissement), tandis que "Hit the City" et "Head" emballent en moins de trois minutes chacune toute l'énergie saturée et chaotique que le punk-rock a pu incarner à une certaine époque (pas celle-ci, malheureusement). Le tout au service d'un organe vocal dont la profondeur et la grâce ne se sont jamais estompées. Boule de gomme, peut-être, mais longue en bouche.(Popnews)
Pour beaucoup, Mark Lanegan est davantage le chanteur de luxe de Queens Of The Stone Age (qu’il a quitté récemment) que celui de sa première formation un peu oubliée, Screaming Trees, associée à la nébuleuse Nirvana/Seattle de la fin des eighties. Ceux qui eurent la chance de le voir irradier la scène de l’Elysée Montmartre en juin 2003 en compagnie des Reines mentionnées plus haut sont probablement encore parcourus de frissons divins tant le charisme de cet homme, ces deux soirs là, fût palpable. Il fallait y être. Le talent et la voix de Mark Lanegan semble à nouveau recevoir les faveurs de ses pairs comme en témoigne l’impressionnant line-up présent sur ce nouvel album solo : Josh Homme et Nick Oliveri (QOTSA), PJ Harvey, Chris Goss (Masters of Reality), Greg Dulli (Afghan Wigs), Alain Johannes, Izzy Stradlin et Duff McKagan ( ?)… Une réunion rare mais sans emphase. La voix de Lanegan reste le point de mire de l’entreprise, grave, suave, habitée (« One hundred days »). La musique composée par lui seul s’apparente à un rock épuré mâtiné de blues ténébreux et parcouru de stridences (« Sideways in reverse », « Can’t come down ») . Aussi simples soient les structures des chansons, les arrangements s’avèrent souvent délicats et élégants ; le piano tient une place de choix et Josh Homme montre un bel éventail de sa palette de guitariste, loin de ses riffs pachydermiques entendus dans Kyuss ou QOTSA. Quelques sons électro s’immiscent dans l’ensemble sans détoner. Bien que les invités soient nombreux, le tout reste homogène. Ponctué de beaux duos en compagnie de PJ Harvey, qui excelle dans cet exercice, ou de Wendy Rae Fowler (le magnifique autant que court « Bomber »), ce Bubblegum se réécoutera de nombreuses fois et nous incitera à se pencher sur sa discographie passée. (indiepoprock)