L’année 1967 a certainement été l’une des années les plus fertiles du rock, les incontournables se sont bousculés et l’énoncé des albums parus cette année là donne le vertige : le premier album des Doors, Strange days aussi, Surrealistic Pillow du Jefferson Airplane, la banane du Velvet, Are you Experienced de Jimi Hendrix, n’en jetez plus ! Bien si ! Sgt Pepper des Beatles, Piper at the gates of dawn du Floyd, Disraeli Gears de Cream, Forever Change de Love , quoi ? D’autres encore ? Live at the BBC de Fleetwood Mac, Goodbye and hello de Tim Buckley, Mr Fantasy de Traffic, Smile des Beach Boys, Moby Grape le premier et j’en passe…


Oui, car il ne faut pas oublier au milieu de cette liste prestigieuse le second album du Buffalo Springfield, « Again » qui a certainement sa place dans ce panthéon du Rock, c’est l’album le plus réputé du groupe, il se singularise pourtant par sa courte durée et le côté patchwork de ses compositions, deux obstacles qu’il surmontera sans difficulté, donnant au « country-rock » ses premières lettres de noblesse.


A l’énoncé des noms qui le composent on pourrait dire que le Buffalo Springfield a tout d’un Super-Groupe si ce n’est qu’en 67 la réputation de ses membres est encore en devenir. Stephen Stills est le leader de la formation, son statut s’est conforté lorsqu’il a composé le premier succès du groupe « For what it’s worth » que l’on trouve dès la première réédition du premier album du groupe. Richie Furay, le futur leader de Poco, est à la guitare rythmique. Neil Young est le guitariste soliste, il compose également et offre trois titres sur cet album, avec sa veste indienne il impose sa forte personnalité sur scène, attirant tous les regards.


La section rythmique est canadienne, Dewey Martin aux fûts et Bruce Palmer à la basse. Celui-ci se voit bientôt contraint de quitter les Etats-Unis, expulsé vers le Canada pour possession de Marijuana. On le voit, il ne manque pas de fortes personnalités à l’intérieur de ce groupe et les rapports entre les musiciens va assez vite se détériorer. L’indien Neil Young et le Cow-boy Steve Stills vont déterrer la hache de guerre et ne faire bientôt que se croiser à l’intérieur du studio, faisant appel à quelques « requins » pour suppléer aux absences…


L’album s’ouvre par un titre de Neil Young « Mr Soul », composé entre deux crises d’épilepsie par un Neil en proie au désarroi. Il ne fait aucun doute que l’on entend une parenté avec le « (I can’t get no) Satisfaction » des Stones, prétexte qu’utilisera Steve Stills pour s’opposer à sa sortie en single (c’est du moins ce qui se dit…). Il n’empêche que c’est là un titre idéal pour ouvrir l’album, rock dévastateur à la guitare (déjà) noisy. « Expecting to fly » est la seconde perle composée par le loner, nimbée de cordes la ballade est éthérée, aérienne et volatile, cintrée dans un écrin cotonneux conçu par Jack Nitzsche. « Broken arrow » est le troisième morceau signé Neil Young, titre psychédélique conçu comme un collage aux multiples effets sonores il termine brillamment l’album .


Du côté de Stephen Stills c’est pas mal non plus, « Everydays » aux accents jazzy se déploie tout en verve et en virtuosité, « Rock & Roll Woman » composé avec le renfort de David Crosby se dévoile en trompe l’œil. « Hung upside down » préfigure les harmonies vocales qui feront la gloire de Crosby, Stills Nash& Young et « Bluebird » pièce aux deux visages constitue le titre le plus progressif de l’album, mi-psyche, mi-country…
Deux titres signés Richie Furray ne déméritent pas non plus… Le Buffalo sortira un album de plus ce qui n’était pas écrit, tels des frères-ennemis Neil Young et Steve Stills ne cesseront de se croiser et de collaborer, tout d’abord en compagnie de Crosby et Nash puis sous la forme d’un duo « Long May you Run »…

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le 28 févr. 2016

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