Butterfly, troisième album du duo, marque une nette cassure dans la discographie du groupe. On reconnaît certes immédiatement la patte des allemands et leurs atmosphères si particulières, mais la musique se veut ici beaucoup plus calme et intimiste. Bien qu'il reste encore çà et là quelques réminiscences du power electronics jusqu'alors typique du projet, la musique navigue désormais entre une sorte d'ambient/indus relativement rythmé et de pop synthétique des plus glaciales (qui influencera probablement leur projet annexe November Növelet par la suite). Force est de constater que cette mutation leur a parfaitement réussi : l'album est une incroyable réussite, et ce à tous points de vue. La production est limpide, les ambiances peut-être encore plus écrasantes que par le passé (autant dire qu'obtenir ce résultat n'était pas une mince affaire) et la voix de Herr Arafna (en de rares occasions accompagnée de celle de sa compagne) froide et déprimante au possible. On pourra simplement reprocher à la musique d'être parfois un peu trop délayée et, surtout, d'arriver après le mythique Blut... sans quoi j'aurais facilement octroyé au disque un point supplémentaire.
Ecouter Butterfly revient à s'envoyer une dizaine de cachetons (autant qu'il y a de chansons sur l'album en fait) un dimanche après-midi pluvieux et maussade, puis regarder fixement au dehors pour contempler son propre désespoir, la tête dans du coton. Des nuances de gris, et surtout beaucoup, beaucoup de blanc.
Titres particulièrement marquants : I Kill to Survive, Must We Burn, Scars, Agitation, Gravity to the End.
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