Au cinéma, JoeyStarr n'a pas encore trouvé sa voie (loin de là) et, pour tout dire, on désespère de le voir trouver un rôle à la mesure de sa démesure. Dans son « secteur », c'est une autre affaire. Chaque nouvel album sonne l'heure du « réveil », du défi, de la transe jusqu'à la capitulation de tous les sens (« je sens la guerre en moi », gronde-t-il en préambule à son Caribbean Dandee). Au micro, dans la peau du BOSS ou de Jaguarr Gorgone, JoeyStarr reste un trublion, un histrion, un bouffon sans égal sur la scène française, toujours prêt à dynamiter les murs et à faire trembler les carcasses. Réalisé avec son nouveau sparring partner, le jeune Nathy, Caribbean Dandee, hommage perso aux racines antillaises et à la musique jamaïquaine, est un trip sonore qui garde obstinément le cap sur les zones de turbulences.
Bientôt 50 ans, bientôt trente ans de carrière et aucun signe d'apaisement. Emporté par des secousses rythmiques et de hautes vagues électro façon Major Lazer, le hurleur en chef du hip-hop français brûle sa voix jusqu'au vertige, relançant sans cesse la cadence, sautant d'une piste à l'autre, mélangeant la fièvre ragga-rap bien tempérée (How long, Dans mon secteur) et les saynètes énormes et foutraques (Pourquoi tu t'énerves et L'Arène, petite joute avec Piaf). A noter, un bel hymne au Paris noctambule (Paris par nuit) auquel l'époque donne un écho bouleversant.