Brötzmann - Bekkas - Drake – Catching Ghosts (26 mai 2023)
Cet album sera donc le dernier officiel paru du vivant de Peter Brötzmann, sur ACT qui plus est, un label sérieux, comme une reconnaissance, certes tardive, mais enfin, ne faisons pas la fine bouche. Un peu dans la tradition de Peter, c’est une captation de concert, cette fois-ci au « Berliner Festpiele », lors du festival de Berlin deux mille vingt-deux.
Il ne faut pas le confondre avec « The Catch Of A Ghost », bien qu’il soit encore question de fantôme, mais il y a une certaine continuité, puisqu’après la participation de Maâlem Moukhtar Gania sur l’album de deux mille vingt, c’est le joueur de guembri et chanteur Majid Bekkas qui joue ici, perpétuant l’héritage de la musique « Gnaoua ».
Ce sont quatre traditionnels qui sont donc joués ici. Hamid Drake est le batteur percussionniste et Peter le souffleur, sax alto, ténor et clarinette. Le mélange Jazz avec la musique Gnaoua n’est pas une nouveauté, c’est au contraire un invariant depuis les années soixante, cette musique traditionnelle se mélange particulièrement bien avec les autres musiques, créant un nouveau folklore, vivant et improvisé.
Il est difficile de ne pas revenir à Peter Brötzmann et à sa fin, si proche lors de cet enregistrement, il était malade et sortait de l’hosto, ce qui ne l’a pas empêché d’enfourcher ses instruments et de jouer, certes, l’énergie n’est plus celle d’autrefois, puisqu’elle servait de combustible et se consumait à grande pompe, mais il gagne en maîtrise ce qu’il perd en spontanéité, et franchement, rien à redire, il reste beau, le vieillard, solide sur ses deux jambes et remplit à merveille son rôle, bien entouré par ses deux compères, particulièrement le magnifiques Hamid Drake qui déploie une jeu très riche et foisonnant.
Les quatre pièces sont bien chouettes, bien emmenées par Majid dont c’est la fête ici, le guembri à deux cordes assure divinement et la voix se pose à l’avant, commentée par Brötzmann qui improvise le discours, jusqu’au dernier souffle…