Musique pour TI-82

Quand j'étais en cours de maths au lycée, je passais le temps en tapant des formules au hasard dans ma calculette graphique. J'observais ensuite ces fonctions dessiner des courbes étranges et imprévisibles sur cet écran a cristaux liquides tout pourri. Même si ces figures n'exprimaient rien, je trouvais quand même une certaine poésie dans cette bouillie graphique qui se dessinait lentement devant moi.
Aujourd'hui j'ai la même impression en écoutant Dopplereffekt. Chaque arpège ne ressemble qu'a une fonction tapée au hasard, et chaque note parait un pixel grossier sur un écran trop petit, trop limité. Pourtant tout s'assemble de manière si logique, qu'on se prend au jeu, qu'on fini par voir dans cette masse informe une volonté d'exprimer des émotions. Quand on connais Gerald Donald, frontman du groupe a géométrie variable, on sait qu'il a le don pour nous communiquer son vertige face a la technologie. A la fois pessimiste comme Charlie Brooker quand il décrit nos inventions nous échapper dans Black Mirror, et optimiste comme les Kraftwerk qui décrivent un monde plus humain grâce aux machines dans Computer World.
Au final, difficile de ne pas voir l'humain, caché derrière ces 30 minutes de musique glaciale, apparaissant tantôt sous la forme de voix fantomatique, ou via des pads chaleureux, comme pour nous rassurer, que l'automate n'a pas encore remplacé l'homme, que la musique que nous écoutons n'est pas le fruit de fonctions aléatoires. Quoi de plus humain que de jouer aux machines?