Cet album de Drake est effectivement un album de Drake.

La bonne nouvelle pour cet album est qu’il accomplit exactement ce à quoi je m’attendais. La mauvaise nouvelle est que j’en attendais malheureusement pas grand-chose! Même si le projet en tant que tel est mieux fini et moins bâclé et répétitif que Scorpion, il n’apporte pas grand-chose de nouveau artistiquement parlant à la discographie du rappeur canadien.

J’ai du mal à surmonter l’impression que j’aurais pu entendre la totalité de l’album en 2018 ou 2019 sans que mon impression générale change. Il est en effet difficile d’imaginer que ce projet est le résultat de trois ans de travail accompli. Où est donc passé la progression de Drake en tant qu’artiste sur ces trois dernières années? La production est légèrement plus audacieuse, voire expérimentale par moments, sans innover réellement. Les flows restent également sans grande diversité. C’est du travail solide, bien léché, bien mixé, mais rien qui nous transcende. Du Drake, quoi. On sait pour quoi on a payé et on consomme sans grande joie.

D’un point de vue thématique, on reste également sur notre faim. L’album ne nous offre pas grand-chose de plus qu’une “update” de la vie de Drake. Vrai décalage entre l’intro “Champagne Poetry”, qui nous promet de dévoiler un nouveau côté de l’artiste, et le reste de l’album. Des problèmes sentimentaux, un sentiment d’insécurité compensé par son statut et quelques balles bien placées pour la moitié de l’industrie, Ye compris. La routine quoi.

On se demande en fait à quoi a servi toute la campagne de marketing autour de cette personnalité “lover boy” qu’il a tant tenu à mettre en avant: la coupe de cheveux, la couverture de l’album, le merchandising, la com… Au final, le Drake de CLB n’est pas radicalement différent du Drake de Scorpion. Il semble incapable d’être vulnérable et sentimental sans vous rappeler constamment qu’il domine les charts et l’industrie. Problème d’égo?

Mais restons positifs, car tout n’est pas à jeter; il y a quelques morceaux au milieu de cette langueur mélancolique qui méritent d’être mis en avant. “Fair Trade”, avec Travis Scott, apporte un rare moment d’énergie brute qui manquait à l’album. Le côté dance-hall de “Fountains”, avec Tems, est magnifique et entrainant, même si Tems domine ce morceau plus qu’autre chose. “7am On Bridle Path” démontre encore une fois que Drake se plante rarement sur des sons avec un lieu + une heure en guise de titre (5am in Toronto restera un banger pour moi). Et Rick Ross sur “You Only Live Twice” continue de prouver qu’il lui est impossible de foirer un featuring.

Au-delà de ça, le désert. Après une performance correcte, mais sans plus de Kid Cudi sur “IMY2”, “Fucking Fans” et “The Remorse” finissent par m’achever et je me retiens d’appuyer sur ce bouton “skip” qui me tend les bras. Il est indéniable que j’aurais probablement because plus apprécié certains sons comme “No Friends in the Industry” ou “Race My Mind” si je n’avais pas l’impression de les avoir déjà entendu plus de trois fois dans le passé…

Il est indéniable que cet album sera un carton commercialement parlant, et ce malgré l’absence d’un “hit single” démarqué comme “God’s Plan”. Drake reste Drake; il va continuer à dominer les charts, briser des records de streaming, et engranger des vues sans produire de projet révolutionnaire. Les heures de gloire de “IYRTITL” et de “Nothing Was The Same” me manquent.

3.5/10