Tout d’abord réservé à un public d’initiés, révélé par l’album Le Phare, c’est bien avec les sorties conjointes de L’Absente et de la bande-originale du Fabuleux Destin d’Amélie Poulain, que Yannn Tiersen, sans jamais dénaturer sa musique, a su s’imposer sur le devant de la scène française. C’est ici, est son deuxième opus live, puisqu’il avait déjà sorti en 1999, une black session mémorable. Double album, il est l’aboutissement d’un mois de travail de réarrangement pour l’Ensemble Synaxis, une trentaine de musiciens, et a été enregistré lors de trois concerts donnés en février 2002 à la Cité de la Musique de Paris. C’est sur le thème d’Amélie Poulain (Valse) que s’ouvre le premier volet, repère indispensable pour entraîner les novices dans une sorte de rétrospective son parcours musical. Yann varie les atmosphères et transforme ses chansons grâce à de nouvelles interprétations : certaines proches d’un Keith Jarrett, très aériennes, d’autres beaucoup plus sombres voir angoissantes; celtisante, lynchienne ou burtonienne (Méridien ou La Noyée II), texano-mexicaine (Plus au sud), des pizzicati avant orchestre pour de très belles montées en puissance. Tiersen joue avec nos émotions avec une facilité déconcertante. Il se retrouve parfois seul Sur le Fil, avec son violon ou son piano, progressivement rejoint par quelques instruments à vent pour donner au Jour d’Avant un côté fanfare un peu désuet mais permettre dans tous les cas qu’il y ait fête lors du Banquet. C’est dans ces instants épurés que Yann nous touche au plus profond. Instant magique dans un duo vibraphone/ondes Martenot pour revisiter l’âme d’Amélie.De nombreux amis passent dans la maison Tiersen, à commencer par Claire Pichet qui avec les années a pris un peu plus d’assurance. Rue des Cascades et La Rupture, époque des balbutiements, des instants fragiles. Christian Quermalet des Married Monk assure parfaitement la place laissée par Neil Hannon sur Les Jours Tristes ; Lisa Germano impose une voix envoûtante ; enfin Dominique A intervient pour ce qui est loin d’être une Bagatelle ou sur Monochrome titre Phare du répertoire de Tiersen. Yann joue, tout au long de ce double album live, avec les ambiances et nous démontre que, quels que soient les moyens qui lui sont donnés, il excelle avant tout. Et comme pour mieux enfoncer le clou, il s’assoie devant son toy piano pour une dernière Valse des Monstres, bouclant ainsi le tour de son brillant début de carrière. (indiepoprock)