Aznavour devient Charles

Même si Aznavour n'a pas encore tout à fait trouvé son style et que l'ensemble manque donc quelque peu de cohérence, il n'en reste pas moins que c'est un premier album de grande qualité. Tous les morceaux sont signés ou co-signés par le chanteur lui-même, sauf "Couchés dans le foin" (paroles de Jean Nohain sur une musique de Mireille). Parmi eux, "Et bailler et dormir" (popularisé l'année précédente par Eddie Constantine) ouvre jovialement l'album ; "Oublie Loulou" est très jazzy et Aznavour y démontre presque ses talents de scat ; "Quand elle chante" et "Si j'avais un piano" sont accompagnés d'un chœur masculin du plus bel effet ; "Viens" et "Me que, me que" sont composés - dans un style calypso rappelant Harry Belafonte - par Gilbert Bécaud, qui les interprétera l'année suivante sur son propre premier album ; "Jézébel" est l'adaptation française de la chanson de Wayne Shanklin, d'abord chantée en 1951 par Frankie Laine dans la langue de Shakespeare puis la même année par Édith Piaf dans la langue de Molière ; le très amusant "Poker" est peut-être mon coup de cœur ; enfin, en clôture, Aznavour parvient complètement à se réapproprier "Plus bleu que tes yeux", préalablement rendu célèbre là encore par Piaf.

Ducretet-Thomson, décembre 1953. Arrangements de Michel Ramos (titres 1 à 3), Robert Valentino (titres 4 à 8, puis 11) et Franck Pourcel (titres 9 et 10).

Voir la discographie complète de Charles Aznavour : https://www.senscritique.com/liste/Discographie_commentee_Charles_Aznavour/2968156