Le bon vin, ça vieillit bien
J'aime bien me représenter le label Warp comme une grande famille d'artistes un peu barrés. Les cousins hippies de Boards or Canada, le père un peu fou Aphex Twin, les frères Autechre... On pourrait continuer longtemps comme ça mais une chose est sûre , Clark est le sale gosse de la famille, celui qui profite des communions pour vider les verres, le gamin qui se moque de ses aînés.
13 ans après Clarence Park Chris Clark, trente-cinq ans, a toujours des choses à dire et des choses à apporter au monde joyeux de la musique électronique et de l'IDM.
´Clark ´ est un disque résolument techno, résolument sombre, qui oscille entre paysages apocalyptiques et beats et mélodies puissantes et entêtantes. L'identité musicale du compositeur est bien présente: Chris Clark excelle dans l'art de saper ses compositions intelligentes à l'aide de glitchs savamment placés comme autant de mines antipersonnelles.
Les habitués reconnaîtront certains éléments sonores des albums précédents (Totems Flare et Body Riddle en tête, Iradelphic étant un peu à part). Ils ne seront pas totalement dépaysés par le sentiment de frustration que le producteur anglais aime à créer: chansons écourtées, transitions brutales... Ces appels du pied à un public d'habitués créent d'emblée une certaine connivence entre l'artiste et l'auditeur, pour autant l'album ne tombe pas dans la redite ou la caricature.
La nouveauté de ´Clark´ c'est peut-être sa cohérence. Là où les albums de Chris Clark viraient parfois au zapping sonore ce nouvel opus est plus cohérent. la noirceur omniprésente, l'efficacité des rythmes technos dessinent un univers assez sombre, pas franchement optimiste, mais diablement intéressant. A l'image de l'inquietant ´Snowbird´.
Au final ´Clark´ est un très bon album d'un artiste qui n'en finit pas d'évoluer. La simplicité des premiers albums laisse place à une techno qu'on sent ultra travaillée mais jamais chiante ou datée. A écouter.