Critique de C’mon par bisca
You try to spleep, then you never wake up", chante Low sur le premier morceau de ce nouvel album, neuvième étape d’une carrière désormais longue de dix-huit années. On aurait pu craindre en effet que...
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le 3 avr. 2022
You try to spleep, then you never wake up", chante Low sur le premier morceau de ce nouvel album, neuvième étape d’une carrière désormais longue de dix-huit années. On aurait pu craindre en effet que le trio de Duluth peine à émerger du grand sommeil dans lequel il semblait plongé depuis la sortie de Drums & Guns (2007), dont les tonalités glaciales auraient pu suffire à expliquer cette longue phase d’hibernation volontaire. Une vie de famille bien occupée pour Mimi Parker, un retour à la bande dessinée pour Zak Sally et un projet parallèle chronophage pour Alan Sparhawk (Retribution Gospel Choir) : autant de symptômes de lassitude qui semblaient augurer d’un avenir pour le moins incertain. En compagnie d’un nouveau bassiste (Steve Garrington), le couple princier du slowcore s’est pourtant décidé à rompre ces quatre ans de silence pour se confronter bille en tête à son glorieux passé. Enregistré dans la même église que Trust (2002), C’mon apparaît comme un retour aux sources lumineux et inspiré, où les guitares lancinantes et les entrelacs vocaux de Parker et Sparhawk résonnent immédiatement de manière familière alors que quelques invités (Nels Cline à la pedal-steel, Dave Carroll au banjo) apportent parcimonieusement une coloration musicale inédite à quelques arrangements plus folk ou plus country S’éloignant des thèmes martiaux et sombres évoqués sur son précédent album, Low renoue également avec les évocations plus classiques du sentiment amoureux (le splendide et dépouillé 20$, les huit minutes épiques de Nothing But Heart). Alors qu’une chorale de jeunes séraphins conclut en beauté l’ultime Something’s Turning Over, on se dit que Low peut se rendormir paisiblement pour quelques années encore. Qu’importe puisqu’il laisse derrière lui la matière musicale nécessaire pour alimenter les plus doux des rêves. (magic)
Ce n’est peut-être pas pour rien que “C’Mon” se rapproche en quelques points de “Trust”. Comme son prédécesseur de 2002, ce neuvième opus fut en effet enregistré dans une ancienne église catholique, environnement plus que favorable quand on veut offrir à ses compositions une réverbération naturelle pour amplifier leur caractère sacré. Parce qu’il ne faut pas le cacher plus longtemps: par leur son comme par l’ambiance lourde et mélancolique qu’ils contribuent tous à imposer, la majorité des titres de ce disque, parfois très proches de l’incantation (”Majesty/Magic”, “Nothing But Heart”), sont tels des apparitions christiques, de magnifiques et émouvants miracles que seule l’osmose de ces trois personnages pouvait provoquer. Pourtant, Low n’a pas forcément fait les choses en grand pour y parvenir. Loin des incursions électroniques de “Drums And Guns“, il sonne live plus que jamais, et n’use pour cela ici que de simples mélodies déroulées à l’instinct, d’harmonies vocales frissonnantes, et de lignes de guitare baryton immensément efficaces car déshabillées de tout superflu. Tout au plus, le supplément d’arrangement se résume à quelques accessoires piqués à la progéniture du couple Sparhawk/Parker, comme à l’aide régulière de Nels Cline à la guitare et au lap steel. Naissent ainsi de langoureuses ballades électriques, à la fois noires et lumineuses (à l’exception du final “Something’s Turning Over”), presque plombantes parfois (le nu “$20″) vers lesquelles on ne se surprend même plus à revenir chaque fois qu’on le peut. Qu’elles soient fortes d’un xylophone qui résonne longtemps dans la tête (”Try To Sleep”), d’un chant faussement monotone et de trois notes de guitare qui se multiplient soudainement le temps d’un break délicieux (”Witches”), d’une émotion intense (”Nightingale”), ou d’humbles et jolies cordes du Trans-Siberian Orchestra (le magnifique “Especially Me”, point central du disque), toutes - liées les unes aux autres - font incontestablement de ce chaleureux et introspectif “C’Mon” une des plus accessibles et plus grandes oeuvres de Low. Pourtant loin d’être des enfants de choeur, les trois sonnent donc la messe, une contre-cérémonie pendant laquelle on ne cesse de s’agenouiller devant la beauté que peut parfois revêtir la musique. Assurément un des grands disques de cette année. (mowno)
Depuis ses débuts, Low nous avait tellement habitués à des virages décisifs (même en douceur) que l'on est presque surpris de l'absence de changement sur "C'mon", dernière livraison en date des grands manitous du slowcore. Petit retour en arrière : à ses débuts Low sort une trilogie qui met en place les fondations du genre, à base de silences, de reverb, et de voix aériennes, sur des instruments rock. D'entrée, en 1994, le groupe marque la rupture avec l'époque, sur les cendres encore fumantes du grunge ; ce n'est qu'ensuite que Low densifiera plus ou moins le son, tantôt à coups de grosses guitares, comme sur "The Great Destroyer", tantôt en expérimentant complètement sur le choix des instruments. Bref, on eut droit à la révolution, puis à l'évolution. "I Could Live in Hope" fut à l'époque une belle claque ; mais il faut bien avouer que si Low est un très grand groupe, c'est aussi parce qu'ils ont toujours su évoluer. A ce titre, "Drums and Guns", l'album précédent, accueilli un peu mollement (même chez nous...), est un modèle de renouvellement, hautement enthousiasmant, même après quatre ans d'écoute assidue. Sur cet attendu "C'mon" c'est sans doute la première fois que je sens le groupe marquer légèrement le pas, exploitant leur vocabulaire familier plutôt qu'explorant des rives peu foulées, même si c'est sans doute le seul reproche que l'on puisse adresser au disque.Et même, du coup, le groupe offre un beau condensé de ce qu'ils maîtrisent à merveille depuis maintenant dix ans - en gros, depuis "Things We Lost in the Fire" : la maîtrise sonore, les duos de voix, la lenteur, et, parfois les guitares épaisses. Cela donne quelques impressions de déjà entendu sur les première écoutes, et de grandes satisfactions ensuite : l'intro d' "Especially Me" annonce sombrement une montée en puissance de la voix appuyée de Mimie Parker, enrobée de violon, "Done" s'abandonne à une ferveur mystique, quand "Something's Turning Over" conclut l'album sur une ballade relevée. Même si des titres plus sobres comme "$20" ou "Nightingale" sentent un peu le réchauffé, on entend le plus souvent sur "C'mon" un retour à la lenteur ample (sur "Majesty/Magic"), et à la torpeur lancinante, électrique (sur "Nothing But Heart"), qui habillaient les premiers albums, et qui n'ont rien perdu de leur superbe.Enregistré dans l'ancienne église de Duluth qui avait servi de studio pour "Trust" (2002), "C'mon", oeuvre aérienne et hantée, restera sans doute comme un album de la continuité pour Low - mais offre d'émouvantes réminiscences, et quelques belles échappées. (popnews)
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le 3 avr. 2022
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