Buckethead nous délivre depuis plus de 20 ans une musique à la fois simple et complexe, nous emmenant dans des univers où chacun peut se créer ses propres introspections. Ici il est question de la sienne puisque Colma est destinée à sa mère qui, à ce moment, était atteinte d'un cancer du côlon. "For Mom" avec ses accents latins et trip hop est un bon exemple de l'esprit régnant dans l'album. L'Homme au Seau ne fait rien d'autre que de proposer des enchevêtrements sonores à travers son jeu de guitare racé ; pas une note de trop ni de fioritures. Les accompagnements batterie / basse (et parfois alto, flûte et violoncelle) donnent encore plus de liant à l'atmosphère mélancolique ("Whitewash" et "Ghost" par exemple).
On a affaire à quelque chose de particulièrement transcendant dans Colma. D'abord cette étrange singularité qui fait que chaque morceau a sa propre signature en même temps qu'ils forment un espèce de concept-album autour du thème de la sensation et du ressenti. Ainsi "Machete" est la piste incontournable pour en saisir l'essence-même. Des volutes de guitares électriques sous fond de beats trip hop qui donnent une sacrée impression de hip-hop expérimental. L'esprit DJ Shadowesque est tout proche. Vraiment étonnant et pas commun.
Deuxio, l'apport de la platine (sur 4 morceaux, dont Machete justement) fait que Colma voyage sur plusieurs registres sonores. Rock certes, mais également classique (les instruments à vent et/ou cordes frottées comme sur "Lone Sal Bug" ou "Wondering"), celui de l'ambient (proche par moments de l'illbient, cf. la piste finale et éponyme), créant justement cette effet nostalgique/introspectif, voire tristounet. Celui du trip hop, malgré l'absence de voix, ce qui aurait pu, par endroits, être vraiment superbe. M'enfin. Mais aussi de l'instru hip-hop (ah encore ce "Machete" et "Ghost"). Et y a ce fameux "Sanctum" qui vient de nulle part. Qui se pose là comme une comète dans ce champ quasi lyrique. La guitare électrique s'envole, se permet des échappées titanesques dans une ambiance qui me rappelle les grandes heures de Massive Attack. Grand moment.
Grand moment comme cet album.