A Voice in the Dark

Je dois avouer avoir été profondément secoué par cet album rayonnant, véritable soleil dans l’immensité obscure du cynisme musical actuel. Il est évident que l’auditeur à l’oreille peu éduquée peut au premier abord avoir une sensation de nausée ou un geste instinctif qui porterait ses mains à ses écoutilles. Cependant, Gala ne se résume pas qu’à une voix de loutre et une production dépassée, c’est avant tout l’histoire d’une femme ayant surpassée sa condition pour livrer un combat. Le combat d’une vie : celui de la ramasse de couteaux (les mollusques bivalves ou Solen).

Gala Rizatto ou Rizatte, comme l’appellent ses proches, a en effet réussi à transfigurer le monde de la pêche à pied pour les amateurs de « coquilles de rasoir ». Après de nombreuses années passées le dos courbé, c’est d’une technique extrême digne des plus grands ramasseurs japonais qu’a accouchée Gala. Observée par les maîtres de la coupole du poulpe sacré, elle a été propulsé au rang de première star italienne à combiner avec virtuosité la musique et la pêche aux couteaux. Une réussite totale pour cette ancienne photographe qui n’a finalement réussi à capturer les émotions qu’avec ses mots et un peu de sel.

L’album « Come Into my Life » est une mise en abime poignante de cette double vie. Elle s’adresse au Moi profond caché en chacun de nous. Le Moi qui crie son oppression sans être à peine ouï par notre âme en quête de sonorités édulcorées et insipides. Gala, avec une bonté divine, nous demande d’écouter ce Moi, d’aller plus loin que la musicalité vomitive et les propos amers de son Compact Disc. Voilà pourquoi ce chef d’oeuvre écologique est une empreinte sacrée, un objet utopique de foi, une voix qui perce les ténèbres pour nous faire entrevoir un monde meilleur.