Les Foo Fighters font désormais partie du patrimoine rock. Tout le monde connait au moins une de leurs chansons et le parcours de Dave Grohl. Pour leur 9e album, après avoir fait des documentaires (film et série), des albums best-of, des collaborations, on sent que le groupe se cherche un peu et tente d’innover sans pour autant se fâcher avec ses fans. Ainsi, Concrete and Gold penche vers l’Arena Rock, pour le meilleur et pour le pire.
En premier lieu, je tiens à souligner que le changement de style ne me choque pas, principalement parce que ce n’est pas abrupt. Beaucoup moins post-grunge qu’auparavant et beaucoup plus arena rock, donc, les Foo Fighters n’en restent pas moins un groupe de rock alternatif, pas comme d’autres qui ont pu passer complètement dans la pop.
Ce sont plutôt les choix qui ont été faits sur cet album qui me perturbent. Le groupe cherche donc ce type de son qui porte, qui remplit les grands espaces, parfait pour les stades, mais engage Greg Kurstin à la production. S’il est assez bon dans son style, c’est en produisant Kelly Clarkson, Adele ou encore Sia qu’il a bâti sa carrière. Si elles ont parfois de grandes envolées au chant, je ne suis pas certaine qu’il eût été le meilleur choix.
Sur le titre The Sky is a Neighborhood, le groupe tente quelque chose avec un son, on y revient, arena rock sur le refrain tandis que les couplets sont plutôt du côté garage rock, créant un tout assez étrange à l’oreille. On croirait presque que le producteur n’a travaillé qu’à mi-temps sur cette chanson. On sent une volonté de sortir de la routine mais sans prendre trop de risques non plus.
Mais on arrive au vrai problème de cet album, qui est qu’il est majoritairement composé de fillers. Depuis Sonic Highways, le groupe semble être atteint du syndrome U2, à savoir qu’ils ont atteint de tels sommets que maintenant ils se contentent du minimum syndical avec un ou deux tubes accompagnés d’une dizaine de chansons quelconques qui ne servent que de prétexte à la sortie d’un album et au lancement d’une tournée où seront principalement joués les succès historiques du groupe. Make it Right, Arrows, Happy Ever After et Dirty Water sont tellement oubliables que je ne me rappelle déjà plus leur mélodie. On trouve aussi Sunday Rain où Dave Grohl laisse le chant au batteur, Taylor Hawkins qui se voit étrangement remplacé, non pas par Grohl comme ils l’ont déjà fait par le passé, mais par Paul McCartney ! Si ce bon vieux Paul s’en sort honorablement, c’est une sacrée cassure dans le style musical du groupe et de l’album. D’ailleurs, pourquoi utiliser McCartney à la batterie alors qu’on dispose de deux des meilleurs batteurs de rock de notre époque ? Multi-instrumentiste, il pourrait apporter bien plus sur une partie qui lui permettrait de jouer la mélodie, ce qui a toujours été son point fort.
Il reste tout de même quelques moments forts. The Sky is a Neighborhood accroche bien l’oreille, mais la star de l’album est Run. Certainement la meilleure chanson du groupe depuis Wasting Light, elle nous rappelle pourquoi on aime tant ce groupe. La Dee Da est aussi dans le haut du panier où on retrouve T-Shirt, morceau d’ouverture de l’album, et le titre Concrete and Gold en clôture, chanson parmi les plus sombres de toute la discographie du groupe.
{S'il ne fallait garder qu'un titre}: Run. Seule chanson de l'album qui a une véritable chance d'apparaître dans le prochain Best-of du groupe.