Charles Gayle Trio – Consider The Lilies... (2006)
Poursuivons cette plongée dans la musique de Charles Gayle, à nouveau sur le label portugais « Clean Feed », succédant à « Shout ! » paru l’année précédente. Le trio donc, un équilibre qu’il aime, il joue ici du saxophone alto et également du piano sur « Sanctify ». Il est entouré par Hilliard Greene à la contrebasse et Jay Rosen à la batterie.
L’album est inhabituellement court pour Charles Gayle qui se montre extrêmement généreux habituellement, ici il ne dépasse pas les quarante-deux minutes, ce qui est une durée habituelle pour un Cd mais carrément court pour lui. Pour autant, on le sait, la musique ne se mesure pas en kilogramme, et ici la performance est tout à fait excellente.
L’album a été enregistré le quinze juin deux mille cinq au « Vision Festival » de New York, un lieu de rendez-vous du free et des musiques libres. L’alto lui va bien, il gagne dans les aigus et s’y montre très véloce quand c’est nécessaire, mais ce n’est pas son instrument de prédilection, le ténor lui offre une puissance et un volume supérieur, peut-être nous tourneboule-t-il davantage, bien qu’ici ça déchire de temps en temps, comme sur « Sanctify » ou il se répand avec tristesse.
Bien que six titres soient annoncés, il semble que les trois derniers forment un tout congloméré, comme s’il s’agissait d’une sorte de medley. Quatre sont donc signalés par des séparations, « Jesus… Amen », « Of Ages » et « Giving » se succèdent sans interruption, ou bien alors il n’y a que quatre titres, ce qui semble être l’hypothèse la plus crédible d'après ce qu'on entend, « Of Ages » et « Giving » ayant mystérieusement disparu au stade de la conception ou de la fabrication.
On trouve ici ce qui fait le charme tout particulier de Charles Gayle, une certaine rusticité free, qui semble ancrée dans un autre temps: les années soixante qui virent ce genre connaître son apogée. Comme toujours il touche et subjugue, viscéral, il parle à votre sensibilité, très directement, ce « tutoiement » est amical et sincère, on le ressent avec une grande chaleur. Comme sur ce « « Jesus… Amen » qui conclut l’album de bonne façon.