Quelques notes de piano, une trompette lente, une batterie, un saxophone et une basse, et déjà je suis charmé. Une formation divine pour un album de Jazz incontournable. Enregistré en deux petites sessions, le 11 mai et le 23 octobre 1956, Miles Davis et son Quintet parviendront avec Cookin', en seulement 34 minutes, à mettre à genoux toute concurrence possible et à imposer leur album comme l'un des meilleurs albums Jazz de tous les temps.
Miles Davis, figure montante du jazz des années 50, parvient à réunir une formation de rêve pour cet album: Paul Chambers à la basse, Philly Joe Jones à la batterie, le virtuose Red Garland au piano mais surtout John Coltrane, qui n'était qu'un jeune débutant prometteur à cette époque, et qui deviendra par la suite l'un des jazzmen les plus respectés dans le milieu, sa réputation égalant celle du maître Davis. Et pourtant, cette rencontre musicale rêvée par tous les fans de Jazz ne fut pas de tout repos: la toxicomanie d'un Coltrane toujours plus accro à la drogue provoqua rapidement quelques conflits avec Miles Davis, qui en vient aux mains avec Coltrane, ce qui causa plus tard la dissolution du Quintet en 1957 et l'absence du grand John sur certaines pistes. Mais malgré les déboires, une formation comme celle-ci ne pouvait que donner naissance à un grand album. Et mieux: ce fut quatre albums qui parurent sous la houlette de Davis et de son groupe: Relaxin', Steamin', Workin' et Cookin'.
En réalité, il est difficilement pensable de ne pas apprécier cet album, tant toute l'essence du jazz y est concentrée. Que ce soit avec le très calme et charmant "Funny Valentine", ou avec le rythmé et entêtant "Airegin", composé par le génial Sonny Rollins, tout l'album transpire d'un savoir-faire, d'une maîtrise absolu, d'une élégance folle et surtout d'une aura '50 absolument irrésistible. Une virtuosité de tous les instants qui jamais ne faillira en 34 minutes. A l’aise sur tous les thèmes possibles, le Quintet explore différentes ambiances et excelle dans toutes les catégories, le tout étant d'une grande cohérence. Les morceaux s'enchaînent, dans une harmonie parfaite, et jusque dans les dernières notes apaisantes de "When Lights Are Low", le "Miles Davis Quintet" m'aura charmé comme jamais un album ne m'aura charmé, laissant une marque au fer rouge dans ma peau, une expérience inoubliable dans mes souvenirs, une oeuvre d'une homogénéité parfaite qui laissa une trace indélébile dans mon cœur