Beyoncé est arrivée à un tel point de consensus entre succès commercial et critique qu'elle peut à peu près tout se permettre. Quasiment deux années se sont écoulées depuis RENAISSANCE, sommet musical pour une artiste transformée en Queen de la night, de la dance et de la house, ainsi que premier acte d'une supposée trilogie. Qui trouve aujourd'hui son écho avec COWBOY CARTER, deuxième volet et nouvelle exploration, de l'univers country cette fois-ci.
Coup de com' et politique à la fois pour la texane d'origine, avec la volonté de s'imposer dans un monde où elle, popstar, femme, noire, n'est à priori pas le standard du cahier des charges.
Dans la lignée de ses dernières sorties, l'opus se veut foncièrement féministe, intime, fait autant appel à ses racines profondes qu'à ses différents rôles dans la société. L'icône a encore des choses à dire et, de la pochette aux textes, a un impact de revendication sans commune mesure aujourd'hui.
Si on ne peut que s'incliner face à cette force de frappe, ce huitième album n'est pas sans défaut. Là où le précédent avait su d'emblée marquer par sa qualité, celui-ci souffre du revers de la médaille du style. On ne sait pas où est l'hommage, où est l'originalité et l'authenticité. On retrouve à peu près tous les éléments de langage de la country mais il n'y a que lorsqu'elle se les approprie à sa sauce qu'elle est efficace (Texas Hold'Em, Bodyguard, YAYA, Spaghettii). Les ballades du genre manquent cruellement de relief et font dans le stéréotype désagréable - les feats insupportables de Cyrus et Post Malone en tête de liste -, exceptions faites des deux reprises plutôt réussies, BLACKBIIRD des Beatles et JOLENE de Dolly Parton.
La longueur disproportionnée et de la tracklist (26 morceaux) et de la durée (1h20) ne joue également pas en faveur du disque, qui se perd dans ses méandres et la dernière partie, pourtant loin d'être inintéressante, brouille encore un peu plus les cartes et casse totalement l'homogénéité du projet en allant dans d'autres directions, plus en phase électro et pop de l'acte I.
Le shérif Carter-Knowles reste en terme d'interprétation et d'adaptation une valeur de tout premier ordre et se pose un peu plus encore comme un marqueur intemporel légendaire, pas de doute là-dessus. Mais là où elle avait su parfaitement doser l'exercice de style avec le potentiel grand public précédemment, elle a en a un peu trop mis sur celui-ci malheureusement.