J'écoute Vaquette depuis tout petit (ça va lui foutre les chocottes quand il va lire ça) et Crevez tous, s'il est un peu en deçà de ce que j'attends en terme de rébellion sonore, cela reste un morceau de bravoure. Crevez tous est un virage pour l'Indispensable et j'aime bien vieillir avec lui.
D'autres auraient choisi Chantal Goya. Pas moi.
Alors pourquoi il est en deçà ?
Contrairement aux opus précédents, Vaquette tue un peu de drolatique pour faire la démonstration politique d'un message particulier. Il s'agit de prouver que la dérive sécuritaire existe pour un asservissement insidieux et total.
Personnellement, si je trouve impeccable la démonstration du tout-sécuritaire et les liens effectués entre la répression, la prévention zélée et la montée des réactionnaires religieux et autres consensuels à la "Je suis Charlie", il reste que je reste sur ma faim en termes politiques puisque la démonstration tourne à vide et ne propose que comme issue face à l'abrutissement et l'autorité, ne propose - disais-je - que la liberté et le libre-arbitre... Comme si, par enchantement, le libre-arbitre n'était guère troublé et qu'il demeurait en dehors de tout contrôle étatique ou professionnel.
Oh on ne peut pas demander à Vaquette de penser en tant qu'ouvrier ou caissière à Leclerc. Il ne le veut pas. Il méprise même ces vies-là, ces vies ternes, sans élan, petites et rabougries comme de la bouffe lyophilisée sous plastoc... Non, on ne le peut pas, et c'est ce que je regretterais entre lui et moi. Je regretterais son délire libertaire absolu où à chaque fois le capitalisme semble épargné. Je veux dire que Vaquette fait tous les liens possibles et imaginables mais qu'il y a un seul lien primordial qu'il ne fait bizarrement pas, c'est le lien entre le tout-sécuritaire, la montée des idées réactionnaires... et le système économique qui se nourrit de toutes les inégalités et de toutes les concurrences anarchiques entre êtres humains, entre pays comme entre secteurs d'activités mondialisés.
Le système est sauf pour lui car... C'est l'individu qui surplombe le système économique.
Vaquette affirme qu'il n'y a pas de méchant système et qu'il n'y a que d'individuelles lâchetés, trouvant par là-même que le libre-arbitre demeure comme par enchantement sain et sauf, et qu'il n'est absolument pas déterminé par, je sais pas moi, le besoin de se construire une vie, de se nourrir, de se sentir utile.
Vaquette ne songe pas un seul instant qu'on en est là justement parce que les règles du jeu sont constituées de telle sorte à soudoyer la raison d'être elle-même. Et toutes les gesticulations verbales du monde n'y feront rien.
En revanche, une contre-idéologie oui. Une contre-idéologie qui répondrait coup pour coup, saloperie pour saloperie, inhumanité pour inhumanité au délire capitaliste. Pour cela, je vous laisse vous abonner à mon profil, rien ne vaut mieux que de me suivre au long cours.
Je ne dis pas qu'il y a un bon système et un autre mauvais. En revanche, comment peut-on un seul moment penser que l'on conserve son intégrité morale et physique quand on vit la crise des Subprimes, quand on vit en Grèce, ou en Espagne, ou en Syrie, ou en Afrique du Sud (les exemples sont si nombreux qu'une liste exhaustive serait tout bonnement contre-productive et soporifique) ?
Je ne dis pas non plus qu'il y a un meilleur système non plus... Quoique le produit du travail systématiquement volé à celles et ceux qui l'exécutent - et pas que des chansons, n'est-ce pas - ce ne serait que justice que de remettre de l'ordre dans ce charnier où l'on est capable de voir, là, au coin de la rue, un homme et une femme se traiter de tous les noms avec des bières Lidl à la main.
Vaquette les méprise. Moi, je comprends que c'est possible.
C'est là tout le discours entre le holisme et l'individualisme méthologique,
entre les déterministes et celles et ceux qui se disent échapper à toutes les étiquettes,
entre les marxistes et ces crétins de gauchistes individualistes opportunistes improductifs et petit-bourgeois (souvent blancs en plus, un peu dans le genre Into the wild chépa si tu vois)