Ce disque méconnu est pourtant l’un des plus atypiques de la période. Dès le premier titre, c’est du jamais entendu : Stephanie Knows Who est une sorte de proto-punk loufoque en mode ternaire, avec un clavecin schizophrène qu’on croirait joué par Lewis Carroll et une voix malade venue d’une autre planète. Mais Love ne reste pas dans le registre brutal très longtemps, et la musique se montre encore plus surprenante quand elle se fait caressante. Des mélodies sophistiquées émergent de Orange Skies, Que Vida et The Castle, soutenues par des arrangements somptueux et chiadés qui comprennent saxophones, orgues et même flûtes à bec. L’album s’enrichit d’inspirations variées qui vont du jazz d’Orange Skies à la bossanova sur Que Vida. Les influences latines de Da Capo en font une œuvre exotique qui se démarque de la production concurrente. Sur la deuxième face, on retrouve un intense grand huit de vingt minutes nommé Revelation, l’un des premiers exemples du genre qui influencera sans doute les Doors pour The End ou When The Music’s Over. Quant au single, il s’appelle Seven And Seven Is et pour une fois il se place correctement dans les hit-parades anglais et américains. C’est le morceau le plus violent de l’album, un boucan terrible à faire passer les Who pour des antiquaires à la retraite. La chanson semble ne jamais s’arrêter d’accélérer, toujours au bord du pétage de plombs, jusqu’à littéralement exploser dans les dernières secondes.
Extrait du podcast Graine de Violence - Love & Arthur Lee, la version complète dispo ici : http://www.chicane-magazine.com/2017/06/23/podcast-graine-de-violence-love-arthur-lee/