J’avais dû encore m’égarer dans les méandres de youtube, sans doute guidé par mon ennui que seules des vidéos d’hamburgers pouvaient combler, lorsque je tombai sur « Da Sandwich ». : https://www.youtube.com/watch?v=ImSVO0dtcEA
De loin le thumbnail m’affichait une image grotesque, montage risible d’une renarde anthro lorgnant un sandwich, si ce n’était pas autre chose de scabreux, salement photoshopé en 5min.
Guidé par la curiosité, je cliquai… C’était un album de musique, un très court album,aucune vue, uploadé sur l'heure, par un certain « Chrono Drama » et alors que les premières notes grasses de synthé commençaient, je lisais la description :
« Le mensonge d’Amine ? » « Mahou no weebshit foxy rena ? » « Des titres en anglais qui côtoient du français » ? Mais quel pouvait-donc être cette blague, cet album bricolé à l’univers improbable et dont le titre était écris en COMIC SANS MS !!
Mais alors que je m’apprêtais à rebondir sur la prochaine vidéo, le synthé rugit, et je fut happé dans l’ambiance ténébreuse de cet « Amine » visiblement pas très moral… C’était amateur certes, mais il y avait quelque sincérité qui se dégageait de ces riffs de guitare finaux, et finalement j’écoutai le reste….
Et durant les 18 minutes qui suivirent je m’immergeai dans l’univers de cet inconnu où la 2e piste très expérimentale et sa mélopée saxophonique, m’emmena chercher ces « feuilles perdues » comme les comptines de notre enfance (mais version deep et cool).
Vint ensuite la triade des deux « Mahou no juujin foxy rena » et de « Da Sandwich », ce dernier étant pris… en sandwich entre les deux autres pistes… donnant tout son sens à la jaquette de l’album (je devine que Foxy rena est la demoiselle de la jaquette).
L’univers de ce fameux Chrono Drama se précisait, où entre les deux « Foxy Rena » aux airs de chiptune survoltés, on faisait une pause sandwich… comme un encas entre deux niveaux de jeux vidéo (que ces pistes m’ont évoqués).
Mon périple continua avec le dantesque Caramel, dont le paradoxe nom/musique ne fut jamais aussi vrai (à part chez "Un Artiste") et si l’acidité de ce Caramel me laissa un quelque peu amer… le Bourdonnement sucré de la musique suivante me ravi… m’évoquant mes plus douces parties de Pokémon, symbole actuel de ces tendres souvenirs d’enfance qu’on passait autrefois à la campagne… et j’imagine que ce « Chrono Drama » a dû la créer sourire aux lèvres en se remémorant attraper des insectes.
Vint alors le final « Cœur bleu de la planète – Où repose le cristal azuré » (je traduit)
Message écolo de la part du compositeur ? Cette musique est clairement la plus « ordinaire » du lot, elle pourrait figurer dans un « generic new age album » qu’on y verrait que du feu.
Et pourtant, tout comme la première musique, ce fut le mugissement sincère de ces synthés qui calma mes ardeurs… Après un tel voyage dans le petit monde de « Chrono Drama », les arpèges virvoltant au gré des doux cris de tristesse des claviers furent le joyau la consécration… Comme si finalement, ce petit mensonge ténébreux d’Amine, cherchant les feuilles, suivant le bourdon avec son amie Foxy Rena, m’avaient conduit devant le lumineux cœur bleu de la planète… et alors que les dernières notes jouaient, je sentais l’océan caresser mes oreilles.
« Da Sandwich » est clairement l’un de ces petits albums inconnus et qui le resteront, et c’est ce que j’aime. C’est amateur et ça se sent… mais ça transpire de partout la sincérité que beaucoup d’artistes professionnels n’ont plus… Comme si Chrono Drama, petit artisan, ne cherchait qu’à créer et partager son petit univers aux rares élus qui tomberont sur sa route.
10 de coup de coeur et d'honneur d'une nuit blanche. Quant aux autres, écoutez au moins « A la recherche des feuilles perdues » et « The blue heart of the planet." c'est du bon.