Dommage que Chris Hathwell, Blake Miller et Johan Boegli ne se soient pas rencontrés quelques années plus tôt, ils auraient sans doute rivalisé avec les Liars, Radio 4 ou The Rapture. Dangerous Dream, premier album après une série de maxis, a pourtant tout pour plaire dans le style post-punk-electro-rock : des mélodies imprégnantes à la guitare, une alternance de chants criards, de voix qui s'égosillent, puis plus tendres, et surtout la basse groovy, omniprésente. Pas trop dur, donc, de tomber votre vieux cuir et de déchirer un peu plus votre jean vintage, Moving Units fera couler à coup sûr de la pinte dans les pubs et les soirées rock. Grâce, entre autres, à Going for Adds, hit pour les hipsters, avec leurs vestes de costards recouvertes de badges. Un peu dur toutefois d'aller ainsi dépouiller A Certain Ratio ou Liquid Liquid, qui faisaient déjà la même chose il y a plus de vingt ans. Mais leur efficacité et leur électricité paillarde justifient l'achat d'un nouveau badge, s'il reste encore de la place sur la veste Emmaüs' (Inrocks)
Si vous ne supportez plus de lire les mots "new wave", "post punk" et, plus généralement, "années 80", si vous êtes pris de nausées dès que vous entendez parler de "Manchester", "Joy Division", "Gang Of Four", permettez-moi de vous donner un conseil d'ami : passez directement à la chronique suivante. Pour les autres, voici donc Moving Units, énième combo des temps modernes, un trio de Los Angeles que celui-ci, à avoir étudié de très près les unités de valeur mentionnées ci-dessus. De façon consciencieuse, semble-t-il nécessaire de préciser. Car Johan Bogli (basse), Chris Hathwell (chant, batterie) et Blake (sic) Miller (chant, guitare) appartiennent plutôt à la catégorie des élèves doués que celle des laborieux. Plus Frausdots qu'Interpol, si vous préférez. Encore une fois, rien de bien nouveau sous le soleil (un jour d'éclipse), mais ce continuel sentiment d'urgence, ces tensions fulgurantes, cette stature gothique (la Californie, c'est aussi la terre de Christian Death) ne cessent de porter des compositions aux références pleinement assumées. À l'instar de Submission, le plus bel inédit jamais répertorié par A Certain Ratio à ce jour, pulsations de basse et guitare rigide à l'appui. Une pointe d'héroïsme fédérateur par-ci (l'imparable Between Us & Them, approximativement traduisible par Entre Nous Et Bloc Party), une pincée de groove mutant par-là (Available, qui fait la nique à Electric Six), les trois comparses ont visiblement plus d'une corde à leur arc, comme le prouvent l'entêtant Anyone, numéro d'équilibriste electro dark qui n'est pas à la portée de tout le monde, ou la pop caméléon (noir et blanc, les couleurs) de Scars. Alors, même si le poids de la tutelle se révèle parfois dangereux, Moving Units peut bel et bien continuer de rêver.(Magic)