Vous vous rappelez de ce que je disais à propos du post-black-metal? C’était hier, à propos de l’album d’Asira, Efference. Rien qu’au nom du groupe et au titre de l’album, vous comprendrez que Dans la joie du groupe français Au champ des morts a pareillement décidé d’y aller à fond.
Également découvert grâce à Angry Metal Guy et situé, ordre alphabétique oblige, à la suite d’Asira dans ma liste de lecture, Au champ des morts est un groupe qui, lui, ne s’habille pas en rose. À vrai dire, je soupçonne que s’il existait une couleur plus sombre que le noir, ils en mettraient trois couches.
Et pourtant, malgré la noirceur de leur propos musical, Au champ des morts propose un post-black-metal qui n’est pas dépourvu de moments de grâce, de trouées de lumière au milieu des ténèbres et des nuées d’apocalypse. Les rôlistes amateurs de Cthulhu noteront au passage que le “champ des morts” est une référence au site archéologique de Glozel.
Dans la joie est également un album qui dépasse les cinquante minutes, avec sept pistes d’un format conséquent: la plus courte ne fait “que” quatre minutes et demie et le morceau-titre dépasse (de peu) les dix minutes.
Je ne dirais pas que c’est un album brutal. OK, quelque part, il l’est, mais il est surtout intense. Il a cette qualité des opus qui savent ce qu’ils veulent et qui vont l’obtenir, dussent-ils pour cela passer sur le corps de tous les pisse-froid qui se dresseraient sur leur passage.
Le chant y est certainement pour quelque chose. Il m’a fallut un moment avant de m’apercevoir que Stefan Bayle chantait en français (et en latin) – même si les titres des morceaux auraient dû me mettre la puce à l’oreille, notez – tant son chant hurlé, typique black, mélangé avec des chœurs clairs a de densité.
Mais musicalement, Au champ des morts fait également très fort. Là encore, le terme “intensité” s’applique. Les compositions sont denses, torturées, saturées, mais sans jamais perdre en lisibilité et en mélodie. Oui, on peut faire du black-metal mélodique; ce n’est pas le premier album du genre que je chronique, c’est juste une preuve supplémentaire.
S’il vous faut une preuve, écoutez “Après le carnage”, “Le Sang, la Mort, la Chute” ou le morceau-titre et, oh, et puis merdum, écoutez l’intégralité de Dans la joie: il est disponible sur Bandcamp et c’est une bonne grosse tuerie des familles. Même s’il est presque le miroir ténébreux d’Efference, chroniqué hier, il joue dans la même catégorie.
*Article précédemment publié sur https://alias.erdorin.org *