Mors Principium Est est un groupe finlandais, mais surtout fourbe, en ce qu’il attend ma deuxième bière à la Citadelle pour venir insidieusement et sauvagement me tabasser le tympan avec ce Dawn of the Fifth Era, un album de death-metal à la fois ultra-bourrin et très mélodique.
Un peu tout dans cet album transpire l’agression: c’est donc du death-metal très intense, survolé par une voix plus howl que growl, mais avec un solide sens de la mélodie qui parvient à s’imposer au milieu du déferlement sonore, format bombardement stratégique, qu’impose le groupe.
Même si la brutalité à tout crin est loin d’être ma tasse d’infusion de belladone habituelle, je suis de plus en plus sensible aux groupes qui jouent avec intensité et Mors Principium Est est plutôt doué dans ce registre. Si on ajoute son côté mélodique, c’est plus qu’intéressant.
Quand je parle d’intensité, un rapide coup d’œil à la liste des morceaux de Dawn of the Fifth Era en dit plus qu’un long discours: onze pistes, quarante-huit minutes et un maximum de six minutes par piste. Amateurs de longues compositions progressives, passez votre chemin!
On est dans le cadre d’une formation canonique, avec deux guitares qui parviennent à composer des accords particulièrement puissants et mélodique, par-dessus une section rythmique qui tient beaucoup de la préparation d’artillerie. Les auditeurs attentifs noteront quelques nappes de claviers qui, à mon avis, auraient mérité plus de présence en dehors des intros.
À mon avis, la première partie de Dawn of the Fifth Era est plus réussie, avec l’intro épique et, surtout, les trois brûlots derrière. Le très puissant « Leaders of the Titans » mériterait de figurer dans une AMV sur Attack on Titans (et si ce n’est pas déjà le cas, c’est à désespérer de tout) et « We Are the Sleep » est probablement le meilleur morceau de l’album.
Je retiendrai également « I Am War » et son côté Iron Maiden période Powerslave, « Monster in Me », le court instrumental « Apricity » ou « Wrath of Indra », également très sympathiques, mais un ton en dessous. Le reste de l’album est encore un ton en dessous, mais comme on part de très haut, ce n’est pas dramatique.
Mors Principium Est sait clairement comment composer des morceaux qui marquent les esprits – voire les chairs, dans certains cas de headbang trop près du bureau. Ce n’est pas exactement le groupe le plus imaginatif du moment, mais il marque une montagne de points dans l’exécution, l’énergie et l’intention.
Je ne conseillerais pas Dawn of the Fifth Era aux âmes sensibles, mais plutôt à ceux qui n’ont pas peur de s’atomiser l’entendement sur des riffs nucléaires et aux barbares qui préfèrent leurs moments de berserkitude avec un ou deux sucres de mélodie.