Kip Hanrahan - Days and Nights of Blue Luck Inverted (1987)
Encore l’année 1987 avec ce bel album de Kip Hanrahan « Days And Nights Of Blue Luck Inverted », une nouvelle cuvée pure Bronx, pourrait-on dire… Avec ces percussions omniprésentes, ces rumeurs d’Afrique, des Caraïbes et de Porto Rico qui se promènent dans l’air, le quartier qui vit aux couleurs des musiques urbaines, les gamins qui tapent dans la balle, jeunesse vautrée sur la carrosserie d’une Lincoln Continental qui crache le son. Danse petit ! Danse et attrape le soleil !
C’est le cinquième album en leader pour Kip, une sorte de consécration déjà, ça commence par un truc tendre, souffle Jerry Gonzales, trompette sensuelle, puis une voix, dénudée, qui chante « Love Is Like A Cigarette »…
Avec Kip tout vibre en percussions, les corps et les cœurs, les mains et les peaux, la main sur la peau, frappe, tape et caresse et chante, aussi. « Gender » titre magique qui rassemble ce savoir épars, la voix, la mélodie qui s’enroule, trois minutes d’une chanson qui résume un parcours.
La musique de Kip part d’un point de vue, celui de son enfance, ces rythmes, sa vie. Mais il regarde le monde et met ses tambours au service du jazz, des chansons, peut-être même est-il pop ? Il aime les textes et les mélodies qu’il retranscrit en chant, peut-être est-ce toujours le même, bien qu’il se grime de façon différente : une sorte de déguisement à son obsession…
Il prend le temps et peaufine, c’est un méticuleux, un amoureux du travail bien fait, exigeant. Il est tendre aussi, il en a travaillé la recette, les contours, car il aime tirer les larmes des beaux yeux des dames mais aussi, c’est plus rare, celles des gros lourdauds. « Ah, Intruder ! (female) » comme dans un film italien des années soixante, valse enivrante qui n’en finit pas…
Après ce disque viendra une première pause phonographique, trois ans pour se ressourcer, faire le point et repartir. Cet album prend, peut-être, la forme d’un bilan, il en a en tout cas la perfection, il fait partie de ces enregistrements qui jamais ne prennent une ride, tout aussi actuels aujourd’hui qu’au moment de la parution, la musique de Kip est presque un genre en elle-même, elle possède une incroyable identité qui la rend reconnaissable de suite, alors oui, c’est une sortie 87, mais intemporelle…