M83, vol. 2. aka "Villes mortes, Mers rouges et Fantômes perdus" (très beau titre par ailleurs).
Même recette que le 1er album globalement, c'est à dire electro instrumental symphonique ambiant, ceci dit le côté ambiant est peut être mis de côté au profit de plus de musicalité (à l'inverse de certains titres du premier album comme "Kelly", qui n'avait pas vraiment de mélodies, ici les morceaux sont tous constitués de longs et planant accords de synthés organiques.)
Comme j'aime m'imaginer des théories fumeuses, j'ai l'impression que M83 continue son projet de faire des concept-albums. Là où M83 (l'album) narrait explicitement de part la continuité de ses titres une rencontre amoureuse, ici, M83 (l'artiste) semble développer une thématique plus écologique et contemplative de la nature.
Explications:
Déjà la pochette. Représentant des corps étendus dans un champ, près d'une forêt, et ce n'est surement pas mon côté pessimiste qui délire pour dire qu'ils sont visiblement morts. La thématique de l'album semble être le "conflit" entre l'homme et la nature, entre l'artificiel et le naturel.
1er titre : "Birds". Symbole de la nature, liberté et calme, tout ça. Puis "Unrecorded", symbolisant encore une fois l'impossibilité d'enregistrer cette nature, car elle est tout ce qu'il y a de plus naturel (sans blague) et donc qu'elle est intouchable, intraduisible sous forme d'enregistrement. "Run Into Flowers", cliché même du mec qui court dans les champs. Puis "In Church", qui avec ses orgues, ajoute une dimension quasi religieuse à la nature, contrée par le "Be Wild" qui lui succède, avec ses notes de synthés qui montent en puissance, symbole de cette force de la nature. Une ode donc aux paysages majestueux dans les premiers morceaux. Puis après, l'album se transforme en exposition de Natures Mortes. "America" et surtout "On a White Lake…", somptueuse ballade mélancolique orchestrale. "Noise" marque le virage de l'album, en terme de thématique. "Noise", ça a à la fois la connotation positive des bruits de la nature, des bruissement de l'eau du White Lake précédent, des chants des Birds introductif, mais aussi du bruit en tant que pollution sonore, la ville, les travaux tout ça. Mais le tournant est confirmé par les 2 titres suivants : "Cyborg", qui commence avec des notes dénuées d'emotions, très "robotiques" justement, puis qui part en grandes pompes avec des accords déjantés, parle de lui-même, et "0078H", qui fait très nom de code de robot, informatique, rien de naturel en tout cas. Cette nature est partie, au profit de la technologie, malveillante, qui est arrivée presque sans prévenir (depuis 2 titres uniquement tandis que les 8 premiers étaient centrés sur la nature). Nature is Gone. Car en effet, même les beautés peuvent mourir…