Makaya McCraven - Deciphering the Message (2021)
Avec cet album on franchit un cap, un peu comme dans l’histoire du monstre de Frankenstein, Le savant Docteur Makaya va créer de nouvelles créatures, en déterrant du passé des œuvres anciennes, afin de leur donner une nouvelle vie.
On voit bien qu’il n’y a pas trop de naturel ici, pour son arrivée sur le label Blue Note, Makaya McCraven va bidouiller sec, ressusciter les morts et faire travailler les vivants à distance. Lui, il tire les manettes, autorise, choisit, élit, quasi seul à décider, charcutant les morts et manipulant les vivants, c’est sûr, le méchant Docteur, c’est bien lui !
Ses principales victimes sont des hard-boppers issus des années cinquante, Art Blakey en tête, mais aussi Horace Silver, Clifford Brown, Kenny Dorham, Bobby Hutcherson, Wayne Shorter et d’autres encore… Place à la grande mutation, on déterre et on recrée, il s’agit de redonner la vie ! Pour se faire et, enfin, finir par se prendre pour Dieu, Makaya dispose pour lui seul d’un instrument de la plus Haute Technologie, un studio d’enregistrement tout à son service.
Voici ses complices, qu’il fait travailler chacun dans l’ombre, en solitaire, Jeff Parker et sa guitare, Junius Paul à la basse, Marquis Hill à la trompette, Greg Ward au sax alto, Joel Ross au vibraphone… une fine équipe de spécialistes, les meilleures lames qui soient, lui-même à la batterie, l’affaire est vite enlevée et pliée !
Des mixtapes avec des intros à bases d’échantillons prélevés en copié/collé au passé, c’est sans doute moins bricolé que pour l’album « We’re New Here » issu de Gil Scott-Heron qu’il avait déjà exhumé. En récidiviste assumé il revendique tout et colle aux légendes d’encore plus près.
En définitive toutes ces relectures actualisées chagrineront l’amateur d’authenticités et régaleront ceux qui sont avides de dépoussiérer l’ancien, mais pas trop quand même. Ça passe très vite, une vingtaine de minutes par face, ça régale quand même mais ne vaut pas le travail des débuts me semble-t-il…
Quoique ?