1) L'après White Pony
Comment donner suite à un album culte qui aura laissé son empreinte bien au-delà de la sphère néo métal ? Voilà LA grosse question que Chino et ses potes ont dû se poser en revenant complètement cramés de la tournée White Pony. Malheureusement pour eux, cet album éponyme marquera le début des "dark days", et c'est Sir Moreno lui-même qui le dira dans une interview :
At the end of the day, the record is exactly what it is. It's a snapshot of that time in our lives. So it's a dark record. And a little disconnected.
Au passage, je conseille cette interview (en anglais) de Chino et Abe qui retrace leur carrière de Adrenaline jusqu'à Koi No Yokan. A partir de 19:34, l'interview aborde l'état d'esprit difficile du groupe pendant l'enregistrement de l'album éponyme.
https://www.youtube.com/watch?v=mSU19HDn0Io
2) Rien de nouveau,...
La musique de Deftones a toujours été sombre, lourde et sensuelle. C'est toujours le cas ici, on retrouve tout ce qu'on aime : des grosses guitares désaccordées, une grosse basse, une batterie qui groove, des ambiances/samples tantôt lugubres tantôt mélancoliques et évidemment un chant à vif qui passe par tous les états. L'opener en est un parfait exemple : Hexagram alterne entre un riff dissonant et aérien soutenu par une (discrète mais magnifique) nappe de synthé et une moshpart de bûcheron avec quelques cassures rythmiques. Au milieu de tout ça Chino crie...non c'est pas le bon mot, disons qu'il hurle à la mort...il hurle comme si on le poignardait...ou qu'on lui déchirait l'âme. Misère, c'est simple dès que j'entends ce morceau, ma gorge se contracte, j'ai littéralement mal pour ses cordes vocales. D'ailleurs j'ai mis énormément de temps à apprécier Hexagram la première fois. Et puis au fur et à mesure des écoutes, la violence des vocaux qui me rebutait au départ et me semblait hors-propos vis-à-vis du riff principal, a fini par me toucher. Cette violence qui dans les derniers instants, bien que toujours présente, fini en sourdine, puis vient se mêler à l'instrumental dans un final presque planant. Magnifique.
3)...par contre c'est sombre
Cet album est très varié et explore relativement bien toutes les facettes du groupe. Que ce soit le metal bien rentre-dedans comme Bloody Cape; le très shoegazy Minerva; la balade rock funèbre Deathblow ou bien encore Lucky you qui sonne très trip-hop. Malgré cette diversité, force est de constater que l'ambiance générale de l'album est à l'image de sa pochette : lugubre et assez mortifère. Mis à part le très solaire Minerva, on peut pas dire que ça respire la joie de vivre tout ça. Que se soit dans la musique, les paroles ou la direction artistique du livret, pas besoin d'être un génie pour comprendre pourquoi le groupe considère cet album comme le début des "dark days". Période de doute qui les suivra sur Saturday Night Wrist.
4) Deftones selon Deftones
L'éponyme est un album intéressant qui ne plaira pas forcément à tout le monde, même aux fans du quintet de Sacramento. Parfois trop décousu, trop violent, trop sombre voire trop atonal par moment (cf. le refrain de Good Morning Beautiful ). Personnellement il s'agit de mon 1er album de Deftones, ce dernier a donc une saveur toute particulière. La pochette m'a tout de suite interpellé à l'époque. Il m'a fallu du temps pour l'apprivoiser, mais aujourd'hui c'est avec plaisir que je me le repasse de temps en temps (les jours de pluie en général...). Même si cet album reste (et restera) dans l'ombre de son illustre prédécesseur, il a le mérite de proposer de très beaux titres tout en capturant un moment charnière dans la carrière du groupe.