Deuce
7.1
Deuce

Album de Kurtis Blow (1981)

Voilà plus de 30 ans qu'on attends un CD de cet album précurseur du mouvement rap ! Est-ce parce qu'il n'a pas été le premier album, mais "seulement" le second de Kurtis Blow ? Est-ce parce que sortie en 1981, son son disco était soudain devenu trop ringard ? Aucune version numérique n'existe de cet album, dont le 33 tours se revend aujourd'hui à prix d'or; et que vous ne trouverez sur aucune plateforme d'écoute. Seul les plus téméraires trouveront sur des sites illicites pirates de mauvais enregistrements rippées aux sons sourds et crépitant d'un vieux vinyl usé par l'age et le nombre de soirées où il a était joué. Quelle injustice !
Et pourtant ce second album est meilleur que le premier devenu culte. "Deuce", c'est le rap festif old school que les DJ des discothèques new yorkaises passaient entre Gloria Glaynor et Donna Summer. Un rap de paillettes où l'on venait pour danser, draguer et faire la fête toute la nuit. Le rap du tout tout tout début du mouvement. Avant même "The message" de Grandmaster Flash.
Malgré les années "Deuce" reste pour moi dans mon Top 10 des meilleurs albums de rap de tous les temps et restera surement indéboulonnable tant qu'il continuera à me faire groover dès les premières notes de basses du titre éponyme.
Son second titre "It's gettin' hot" est une bombe disco aussi puissante que "I will survive" ou "Le freak". Mais porté disparue des ondes depuis de lustres et bizarrement tout aussi absent des diverses compilations du rappeur. Le public a forcement oublié ce morceau qui pourtant ne demande qu'à retourner sous les projecteurs des pistes de danse.
"Getaway" témoigne lui des origines funk du mouvement. Je parle du funk qui groove grave, celui de Funkadelic, de Sly Stone ou Parliament et pas de l'immonde soupe commerciale coupée à la pop et au disco, qu'on nous a servit dans les années 80 sous ce label (Kool & the Gang, Prince, Michael Jackson & family). "Starlife" lui, aurait pu apparaître sur un album de Stevie Wonder.
L'album se termine sur "Rockin'", un titre comme son nom l'indique, tourné vers le rock, comme si Blow préméditait le crépuscule du disco et la future alliance que le rap allait devoir faire peu de temps après avec le rock et Run-DMC.
L'année suivante Grandmaster Flash mettra fin à la fête en inventant ce que l'on nommera plus tard le gangsta rap et Kurtis Blow passa d'un coup injustement pour un amuseur de fin de soirée. Ce dernier s'accrochera jusqu'à la fin des années 80 en essayant de suivre un mouvement en perpétuel transformation pour le meilleur.... et le pire !

Jean-FrancoisS
9
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le 27 oct. 2018

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