Dissidænce Episode 1
6.6
Dissidænce Episode 1

Album de Vitalic (2021)

Vitalic se lance dans la politique : GONE WRONG

Bon, je vais pas tergiverser : comparé à Rave Age que j’avais adoré et Voyager que j’avais apprécié, cet album est mauvais.


On va se concentrer ici sur le son « Rave Against The System » et particulièrement son message politique (oui, Pascalou fera-t-il campagne en 2022 ?). Un clip a été réalisé pour le son. Clip devant lequel j’ai beaucoup ri, puis pleuré, puis décidé d’écrire cette critique. Le son n’est musicalement pas très intéressant tant le potentiel mélodique est (à mon goût) sous exploité. Lorsque l’on connaît l’infinité des variations subtilement enchaînées que peuvent offrir les tonalités acides on est forcément déçu. Globalement on peut adresser cette critique à toute les musiques de l’album, c’est décevant.


Mais surtout, ce titre ? Ce message ? Rave Against The System. Ils se foutent de la gueule de qui, sans déconner ? Ils font partie intégrante du système, ils cherchent quoi en prônant ça ? Je comprends pas. Venant de Vitalic qui est invité à bon nombre de festivals mainstreams et pour Kiddy Smile qui a été plébiscitée par les médias de masse, ça me fait doucement rire... Et je leur pose la question : en quoi êtes-vous contre le système ? Alors que c’est ce même « système », comme vous dites, qui vous a mis sur le devant la scène et qui a, en conséquent, transformé et intégré la culture Rave à la culture mainstream.


Car on les connaît les soi-disantes « raves ». Celles en périphérie des métropoles (oui car c’est de celles-là dont on parle si on jette un coup d’œil au clip). De « raves » urbaines, payantes la plupart du temps et coûtant souvent un bras (pour le participant), pour une organisation qui, elle, ne coûte quasiment rien (source : Volvic, nan j’decc ça se base sur mon expérience perso et je ne peux rien prouver, mais que vas-tu faire Jean-Possession ?). Les musiques de Vitalic ne me déplais(ai)ent pas, mais qu’il cesse de les utiliser pour faire passer des messages politiques faussement subversifs. Rendez-vous bien compte que la promotion de ce type de raves est bien loin d’être contre le système. Ces « raves du système », appelons-les ainsi, profitent à un business bien juteux qui enrichit des gens qui, tout en haut de l’organisation, n’en n’ont probablement que faire de toutes les revendications présentées dans le clip (émancipation, inclusivité...) et qui sont là pour le profit.


Car la Rave (AVEC UN GRAND R MONSIEUR), originelle, celle dont Vitalic et Kiddy Smile ne parlent pas, à de belles convictions à défendre, loin de la moralisation de bas étages des bobos cokés et des Jean-Kilowatt. Ce sont des raves où l’inclusivité n’est pas source de prétention (quand ce n’est pas un argument de vente) tant les participants ont tout simplement intégré l’esprit fondamental de la rave : celui de se rassembler entre humains autour de la musique sans distinctions morales ou physiques. Des raves où les lieux sont respectés et nettoyés après le passage de la teuf. Des raves ou la drogue n’est pas une nécessité mais un plus (bah oui les citadins, quand je vous vois vous enjaillez sur de la techno objectivement merdique avec vous pupilles dilatées, pas sûr que vous preniez autant votre pied si vous êtes sobres). Des raves ou la participation financière n’est pas obligatoire mais bien souvent réalisée car le teuffeur sait directement à qui elle profite. Car on ne parle pas ici de s’enrichir mais de permettre aux organisateurs de payer la logistique du matos, de couvrir les pertes en cas de casse, de saisies ou destructions par les flics (avez-vous ce genre de problème les raveurs against the system ?)…


Et attention : ne me faite pas dire ce que je n’ai pas dit. Le monde n’est ni parfait dans les « raves » du système ni dans les raves « originelles » (pouvant être en ville comme en campagne d'ailleurs, les raves dans les catacombes de Paris en sont un exemple). Toutes deux présentes des avantages et inconvénients (logistiques, accès) ainsi que des dérives. Je veux simplement dire qu’il faut cesser de donner du crédit à des artistes qui transforment la signification d’un mot pour encenser quelque chose à tort (à savoir les « raves » du système) et vous le vendre comme contre le système alors que ça en fait pleinement partie et que la personne qui y participe l’alimente aveuglément. On pourrait presque dire que c’est de la désinformation (lel). J’ai fréquenté les deux types de raves, je connais les tenants et les aboutissants de chacune d’entre-elles, l’une est moins dans le système que l’autre, à votre avis, laquelle ?


Kiddy, c’était satisfaisant de te voir bouger ton cul dans Climax ou drôle d’écouter tes sons comme Slap My Butt et Dickmitized, mais là… t’aurais mieux fait de te taire. Car utiliser le mot rave à outrance c’est juste honteux quand on ne sait plus (ou qu’on n’a jamais su ?) ce que ça signifie.


Vitalic, reconverti-toi mon beau. À l’inverse de tes musiques, ton savoir-faire vieillit mal. Sur ce, je retourne écoute Rave Age bordel de dieu!


Mention spéciale pour Alma Jodorowsky qui joue dans le clip, c’est particulièrement hilarant de la voir ici. Si elle avait emprunté la voie de son père (Alejandro Jodorowsky) qui lui, a fait le choix de littéralement s’en battre les couilles du système et de le critiquer comme il faut (conf. La Montagne Sacrée), son apparition aurait été un choix cohérent pour le clip. Mais elle fait des pubs pour Chanel parmi d’autres trucs bien conformistes… alors on est AGAINT THE SYSTEM ou on l’est pas ?

paulbeaucourt
4
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le 23 nov. 2021

Critique lue 222 fois

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Paul Beaucourt

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