Binker Golding – Dream Like A Dogwood Wild Boy (2022)


Binker Golding est un artiste que je suis d’assez près, en soliste ou en duo avec son complice Moses Boyd. Justement il se trouve qu’il est passé au « Moods Club» de Zürich et que le concert a été diffusé sur Stingray Djazz, la chaîne hollandaise, du coup je l’ai visionné au moins trois fois, avec le même groupe que sur cet album, mais en quartet seulement car le guitariste Billy Adamson n’était pas du voyage.


Du coup les enseignements sont nombreux. Déjà l’arrivée du guitariste est très positive et ne fait qu’ajouter à l'impact de la formation qui gagne encore en facilité d’accès auprès d’un plus large public, il y a là un côté rock qui plaît d’emblée et qui accroche.


Quand je me pose cette simple question : Qu’est-ce qui me séduit dans la musique de cet album ? Curieusement la réponse ne vient pas si facilement, pourtant il y a bien quelques évidences, la première est l’excellente qualité des musiciens. Sarah Tandy, la pianiste, semble partager avec Binker Golding le côté besogneux d’un apprentissage long et difficile, qui en ont fait de véritables surdoués de leurs instruments respectifs.


Sarah se tient droite, presque rigide, face à son instrument, à la façon d’une danseuse face à un miroir, l’exact opposé d’un Bill Evans ou d'un Tigran, tout cassé, le visage à quelques centimètres du clavier, elle est concentrée et vit pleinement sa musique, parfois sa tête s’avance et recule au rythme de la musique, mais c’est lors des solos où il faut tout donner qu’elle se transforme, presque tentaculaire avec ses longs doigts, son corps tout à coup s’agite, saute même sur le siège, se penche, ses longs bras s’agitent et l’on entend, dans le même temps, les notes folles qui s’envolent à grands coups d’ailes.


Une sacrée pianiste ! Le bassiste, Daniel Casimir, a l’air d’un bon copain, il fait bien la paire avec Sam Jones à la batterie. Il est intéressant d’observer Binker Golding se tourner parfois vers son batteur en effectuant son solo, comme s’il recherchait un dialogue privilégié, lui qui a l’habitude de jouer en duo avec Moses Boyd ! En tout cas les deux rythmiciens se connaissent bien, habitués à accompagner Nubya Garcia, la cohésion du quartet est évidente, ce qui a permis l’ajout de cette guitare un peu country-rock, que l’on entend ici.


Mais il y a également le talent du saxophoniste qui s’exprime, point d’envolées free ici, mais une grande technique qui lui permet de jouer à peu près tout, on sent qu’il connaît son « Coltrane » par cœur, on retrouve le goût de la quête qui s’exprimait jusqu’en soixante-cinq, et ça fonctionne à plein, d’autant qu’il a une personnalité affirmée et un son propre, tendance classique, qui lui appartient.


Enfin, c’est du tout bon !

xeres
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le 31 déc. 2022

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