Dreams Come True
6.9
Dreams Come True

Album de CANT (2011)

Après Daniel Rossen et l'excellent projet Department Of Eagles, un deuxième membre de Grizzly Bear s'offre une escapade, qui, en toute logique, devrait faire couler beaucoup d'encre. Bassiste, clarinettiste, électronicien, mais aussi producteur des deux derniers albums du quatuor – les indispensables Yellow House (2006) et Veckatimest (2009) –, voici donc CANT, un tandem composé de Chris Taylor et de George Lewis Jr., alias Twin Shadow. Échange de bons procédés et renvoi d'ascenseur, le non moins excellent Forget (2010) du dernier ayant été produit et coécrit par Taylor. Rencontre au sommet de deux fortes individualités, Dreams Come True assume de bout en bout sa dualité et la fascination des deux protagonistes pour les innovateurs du tout début des années 80 (et leurs synthétiseurs analogiques), des Flying Lizards à Throbbing Gristle, en passant par Human League des débuts à, hum, Cameo – l'apéritive et irrésistible Too Late, Too Far et ses faux airs de Word Up (1984). Sans jamais précipiter les choses, le duo distille sa mixture narcotique en injections successives, afin de nous conduire progressivement vers des territoires de pop moderne, carrément futuriste. Ainsi, avec une aisance confondante et en moins de cinq minutes, une jolie ballade diaphane et délicate peut tout à coup se parer de basses abyssales (Bang), négocier un virage néo-indus tout en faisant un clin d'œil à Gary Numan et aux Swans (She's Found A Way Out) ou encore prendre des reflets soul (Answer). Une méthode qui culmine au cours de Dreams Come True et Rises Silent, deux pièces audacieuses, qui procureront aux fans de Grizzly Bear les mêmes frissons que ressentirent ceux de Radiohead quand ils entendirent Kid A (2000) la première fois. Rien que ça ! Intelligent, fascinant, terriblement inventif et pourtant accessible, Dreams Come True est indéniablement le plus agréable moyen de patienter en attendant le prochain album du quatuor d'ursidés, ainsi qu'un sérieux candidat au futur palmarès des disques de l'année…(magic)


Après Daniel Rossen, le simili-Elvis de Grizzly Bear, c'est au tour de Chris Taylor de s'émanciper de la maison-mère. Le premier aura donné, avec Department of Eagles, une ballade doo-wop d'anthologie : "No One Does It Like You", le second sous le pseudonyme de Cant réussit un album hélicoïdal à la fois plein et creux, alangui et crispant. Les chats ne faisant pas des chiens, on retrouve la touche sonique de l'ours pitchforkisé dont Taylor est le bassiste-producteur : trame rythmique proliférante et lâche, instruments disjoints, espaces en jachère puis saturés de sons. On peux légitimement tiquer devant certains ; le piano Radiohead à l'identique de "Bericht", l'affreux Hammond pétomane qui empuantit "The Edge". Mais pour le reste, reconnaissons classe et recherche dans la démarche fuligineuse de Taylor : rendre hommage en tordant le bras, marier les genres si possible carpe et lapin. "Dreams Come True", c'est le jardin des styles qui bifurquent. "Believe" invite "Trans-europe-express" sur une nu-soul comateuse. "She's Found A Way Out" joue la carte du feu de bois acoustique avant d'asséner un énorme refrain indus à cordes Casper le Méchant Fantôme. Encore plus fort, "Dreams Come True" ressuscite en quatre minutes le meilleur de "Pre-Millenium Tension" sur fond de sabbat. Les beats sont paranoïaques, les basses échappées de Lovecraft, et les guitares parlent le Gévaudan en première langue. Qui aurait cru que le poupon boudeur de Grizzly Bear avait autant de noir à l'âme ? Ce qui ne lui interdit pas une suavité sans pareille à l'occasion. "Too Late, Too Far" carillonne de percussions world transgéniques, et son chaloupé Japan nous semble irrésistible (c'est bien simple, les renforts de clavier à mi-morceau nous font l'effet de Salomé quittant enfin le dernier voile du haut). Pas sûr que nous rendions grâce au prochain Grizzly Bear avec autant d'allant, mais en attendant, faisons nôtre le déclinable slogan d'Obama, bien embêté sur son versant (Strauss)-Kahn, et clamons haut et fort : "Yes, we Cant !!!" (popnews)   
A y regarder de plus près, la collaboration entre Chris Taylor ( Grizzly Bear) et Georges Lewis Jr ( Twin Shadow) au sein du projet bicéphale Cant avait quelque chose d'inéluctable. Chris Taylor avait en effet fait parler ses talents de producteur (que l'on avait notamment pu apprécier chez les Dirty Projectors ou sur les 2 derniers albums de Grizzly Bear) l'an passé sur l'indispensable "Forget" de Twin Shadow, co-écrit avec Georges Lewis Jr. On était curieux de voir et surtout d'entendre le résultat de ce rêve devenu réalité comme ils l'ont prénommé. Allait il plutôt naviguer dans les volutes psychés-folk de l'un ou au contraire s'imprégner des pirouettes groovy et 80's de l'autre ? On serait tenté de dire aucun des deux et les deux mon capitaine. Aucun des deux car on ne peut pas dire que les parallèles soient évidents à l'écoute des 10 titres de ce "Dreams Come True". Les deux si l'on s'en tient à ces harmonies et mélodies vocales narcoleptiques, pour rester dans la thématique du rêve. L'introductif Too Late Too Far, le meilleur titre de l'album, annonce d'emblée la couleur avec sa mélodie up-tempo à tiroirs sur laquelle vient s'échouer nappes synthétiques, rythmique complexe, et surtout une formidable ligne de chant signée Chris Taylor. C'est aussi le morceau le plus accessible de l'album, le plus « pop », non pas que le reste de l'album en soit dénué mais la suite s'avère un peu moins digeste pour les oreilles délicates. Nos deux acolytes y abordent des sentiers plus sinueux, tantôt soul (The Edge ; Answer), tantôt électro « ThomYorkienne » (Rises Silent), mais le plus surprenant est à venir avec des titres qui virent plus ou moins vite à une sorte de néo-indus aux basses surpuissantes (BANG ; She Found a Way Out et plus encore le morceau-titre Dreams Come True). Plus qu'une curiosité, ce premier album de Cant démontre un peu plus (si besoin était) toute l'efficacité de Chris Taylor comme songwriter/producteur, dans des styles divers et variés dont le dénominateur commun se nomme le talent. (indiepoprock)
bisca
7
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le 22 mars 2022

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