Mette Henriette – Drifting (2023)
Voici le premier album de la cuvée deux mille vingt-trois, on le doit au retour de la norvégienne Mette Henriette, qui avait gagné ses galons lors de son premier double album sorti en deux mille quinze, une véritable réussite, tant artistique que commerciale. De ses accompagnateurs d’alors, elle ne conserve que le pianiste Johan Lindvall, norvégien également.
Parmi toutes les cordes qui accompagnaient son premier album elle ne garde que la présence du violoncelle, et cette fois-ci c’est Judith Hamann qui est en charge de l’instrument aux quatre cordes. Après avoir été enregistré au « Munchmuseet » à Oslo il a été mixé aux Studios « La Buissonne », Manfred Eicher fait souvent appel au savoir-faire des sorciers du son de Pernes les Fontaines.
C’est jazz mais pas trop, pas essentiellement, la musique contemporaine européenne récupère du terrain pour ces musiques qui, probablement, ne sont pas improvisées, ou alors à la marge, semble-t-il. Quinze pièces se succèdent, souvent courtes, six d’entre elles ne dépassent pas deux minutes, et la plus longue dépasse à peine les six minutes.
Pourtant il y a une réelle unité artistique ici, un fil qui réunit l’ensemble, autour de cette musique que l’on pourrait qualifier « de chambre ». Ces courtes pièces incitent à la concision, elles s’emboîtent à la façon d’un puzzle et dessinent une route, un chemin sur la glace, tracé dans un paysage froid. Car la beauté ici demeure essentiellement contemplative.
Johan Lindvall est primordial, c’est lui qui dessine les paysages, leur donne forme et vie, Judith Hamann apporte un certain lyrisme et Mette est une grande saxophoniste, inventive et créative, elle aime s’envoler et partir vers un ailleurs, les trois sont doués et les échanges sont fructueux, dans ce répertoire tout de même plus « ambiant » que « jazz ».
Si vous aimez les albums "tripants", ou même simplement ceux qui transmettent une émotion autre qu’esthétique, ou encore si vous aimez bouger, cet album ne fera pas l’affaire. Par contre si les paysages froids des albums ECM anciens vous manquent, il est pour vous, mouvant et fluide, reprenant souvent sa respiration, léger, flottant et même vaporeux…