Si le concept de constance avait un avatar en musique, Shellac serait le candidat idéal. Et s'il y avait des élections pour le désigner, le groupe les remporterait haut la main avec un score digne de Kim Jong-un, le dirigeant nord-coréen.
Constance dans la musique jouée, constance dans le son, constance dans l'attitude, constance dans la qualité, Shellac n'est pas connu pour son papillonnement et son goût pour le renouvellement (sauf pour ces riffs répétitifs). Mais le trio a pour lui son intégrité et sa patte reconnaissable entre mille.
Les rythmiques sont d'équerre, les mises en place anguleuses, avec des arêtes tranchantes comme celles des bâtiments soviétiques. Mais cette apparente rigidité est habillée par ce son cher à Steve Albini pour les skeuds de Shellac : chaud, vivant, sec et sans artifice. Ce son si agréable qu'on se surprend à se repasser le disque pour simplement apprécier la rondeur et la douce rugosité de la basse, le claquant de la batterie et l'acidité de la guitare.
Espérons juste que Shellac ne soit pas constant dans son rythme de sortie : cinq disques en vingt d'existence. Sept ans entre "1 000 Hurts" et "Excellent italian greyhound", et encore sept entre ce dernier et "Dude incredible". Patienter encore sept années pour le prochain disque ? C'est bien trop long.