Au bord de l'eau.
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Les projets musicaux obscurs qui expérimentent ou mélangent des genres musicaux à priori non miscibles ont au moins le mérite de l'audace, même si la qualité peut ne pas pointer le bout de son nez (hein Burzum, avec certains de tes albums post-prison pas folichons du tout, comme Umskiptar).
Et il est possible de trouver de sacrés spécimens qui n'ont pas su trouver leur chemin vers les oreilles du plus grand nombre, enfouis au coeur des catacombes aux couloirs sans fin, loin sous cette cité numérique aux dimensions cyclopéennes qu'est l'internet.
Comme ce skeud, sorti cette année par l'artiste ukrainien DJ Sacred (qui semble très ouvert musicalement, comme le prouve l'existence même de cet album), et rassemblant trois démos qu'il avait sorties sur k7 à la fin des nonanties, sous des pseudonymes différents : God of Blood, Dungeon Juntz, et Komm Nicht Rein.
Consistant en un mélange improbable de peurah, de Dark Ambient et de Dungeon Synth, qui marche improbablement bien : les nappes minimalistes, sombres et atmosphérique à base de synthé qui composent le fond de commerce du DS se mélangent avec succès aux samples et autres beats d'un hip-hop lo-fi lancinant, monotone et répétitif, avec un flow lent et sacrément bon, d'ailleurs, qui sait comment emprisonner l'imprudent dans des morceaux aux sonorités qui martèlent l'âme en boucle.
Le résultat de ce mélange, qui apporte beaucoup de fraîcheur dans un genre musical aussi codifié que le DS, et nous annonce dès l'intro, avec les bruits de corbeaux, qu'on va pas faire des chansons niaiseuses sur des zolies paquerettes, produit des morceaux (parfois un peu trop) courts dont l'atmosphère est à l'image des pochettes (dont l'une d'entre elles est la copie d'un tableau de Goya représentant Cronos dévorant ses enfants) : c'est froid, c'est fascinant, c'est sombre, c'est occulte, c'est monolithique, c'est totalitaire, c'est ténébreux, c'est sanglant, c'est pas très jouasse, c'est trve, quoi.
Un skeud qui tape fort dans les tympans, comme quoi la Fantasy ça ne se réduit pas à des histoires où le fond de l'affaire consiste à récupérer l'épée enchantée de Perlinpinpin dans la forêt de Zoug Amag Zlong, afin de terrasser l'ignoble Schplibulubulu, mais sait être bien plus sombre, complexe, crade (dans le sens noble du terme) et intéressante que ça, et aussi que musicalement parlant, faut savoir sortir des sentiers battus, être ouvert d'esprit pour évoluer dans son art (cette très bonne vidéo de Maxwell/2guys1tv le résume bien).
Après, c'est très spécial, comme délire, et c'est pas grave du tout si ça vous accroche absolument pas, hein, la vie est bien trop courte pour écouter des skeuds qui ne nous attirent pas.
Note : 7,5.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste ⛧ Les Arcanes du Dungeon Synth ⛧
Créée
le 30 nov. 2019
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