Jeff Parker, Eric Revis, Nasheet Waits – Eastside Romp (2022)
Comme toujours chez RogueArt, la mise est un peu austère, mais le contenu est bouillonnant et le Cd bien documenté. Un trio donc, Jeff Parker à la guitare, Eric Revis à la basse et Nasheet Waits à la batterie, de la sobriété et de la simplicité donc, c’est lisse, clair et lumineux.
Les compos sont assez bien distribuées, on ouvre avec une reprise de Marion Brown, « Similar Limits », très beau, la route se poursuit avec « Wait » une des deux compos signées par Jeff Parker, toujours dans cette voie légère et lumineuse, la troisième pièce est plus mystérieuse elle charrie un climat inquiet et mystérieux qui fonctionne à plein et s’installe dans la durée, c’est « Between Nothingness and Infinity » signée par le batteur, lui aussi reviendra un peu plus tard avec une autre compo.
« Drunkard’s Lullaby » qui poursuit notre course est composée par notre bassiste, ainsi chacun participe aux compositions, la pièce fonctionne autour d’une contrebasse centrale qui distille une ligne sur laquelle les impros se greffent, ici Jeff Parker semble vouloir contrer la mélodie, s’éloignant pour la première fois de cette « ligne claire » qui régnait jusqu’alors sur l’album, un peu de distorsion, de parasitage, histoire de porter, avec mesure, une dose déstabilisante.
Le morceau titre arrive « Eastside Romp » qui semble le fruit d’une impro collective, une rythmique très dense avec Nasheet Waits qui tisse un tapis rythmique très riche, évolutif, qui s’enrichit doucement, la basse bétonne, alors la guitare de Jeff n’a plus qu’à se déployer sur ce terreau fertile.
On reconnaît l’écriture de Nasheet sur le titre suivant, « A Room for VG » toujours ce côté mystérieux, un peu anémique cette fois, la pièce est pleine de silences lourds et tendus. « Watusi » de Jeff termine l’album, encore une pièce très équilibrée, un peu plus traditionnelle peut-être.
Vraiment un chouette album car les trois forment un véritable trio où tout fonctionne, l’écoute est toujours agréable et coule comme du miel, juste un zeste d’aspérité de temps en temps, histoire de corser un peu l’affaire. Les amateurs de Jeff Parker ne rateront pas cet album, ils en seront récompensés, mais les trente-huit minutes passent vraiment trop vite !